Officiellement, le don de sang relève du volontariat et de la gratuité au Cameroun, comme partout ailleurs. En principe, les hôpitaux prévoient des sandwiches, une tasse de lait et/ou une boisson rafraichissante pour remonter le donneur, juste après le prélèvement de son sang. Toutefois, aux encablures des hôpitaux publics et même des cliniques privées, beaucoup de donneurs ont fait de cette activité, un fond de commerce juteux.
« Ils écument la devanture de l’hôpital Laquintinie et l’hôpital Général de Douala. Dès qu’il y a un besoin de sang à l’hôpital, le personnel de santé en charge de ce secteur les appelle en catimini. Et dans ce trafic, la poche de sang coûtera 8000 francs Cfa. Parfois, le donneur trafiquant de l’hôpital général migre vers l’hôpital Laquintinie pour trois mois ; et vice versa », révèle un ancien garde-malade ayant fait les frais de cette activité en septembre 2017.
Déficit
Charles Nforgang, journaliste et auteur d’une enquête sur le sujet, renseigne qu’en 2002, les tarifs étaient plus élevés. «Les prix d’une poche de sang hors de l’hôpital variaient de 20 000 à 30 000 francs Cfa. Et le rhésus négatif est le plus cher », relève-t-il.
Ce trafic perdure du fait d’un manque criard de poches de sang dans les hôpitaux du pays. Selon un constat du ministère de la Santé publique, pour un besoin annuel de 400 000 poches de sang, seulement 45 000 sont disponibles ; soit un déficit de 355 000 poches de sang par an. Et une poche de sang analysée et sécurisée coûte en moyenne 17 500 Fcfa à la banque de sang de l’hôpital.
Monique Ngo Mayag