Au Cameroun, les enfants de la rue ou sans abris sont communément appelés «Nanga-boko» ou «Nanga». Et le sens commun a tôt fait d’associer cette appellation à celle de la ville Nanga-Eboko, chef-lieu du département de la Haute-Sanaga, dans la région du Centre (abritant Yaoundé).
Que non ! En fait, Nanga-Boko vient de la langue Duala et de la ville de Douala. «En langue Duala, Nang’eboko signifie : dormir dehors. On dira par exemple d’un homme qui découche tout le temps qu’il est nang’eboko», explique Esther, de l’ethnie Duala. Les villes de Douala et Yaoundé sont par ailleurs les fiefs de ces enfants qui errent et agressent aussi.
Chef guerrier
Des travaux de recherche de la française Marie Morelle sur le phénomène des enfants de la rue au Cameroun édifient aussi sur le sujet. Dans un exposé intitulé « la rue, un espace à négocier. Yaoundé (Cameroun) et Antananarivo (Madagascar) », elle écrit que «cette expression (Nanga-boko) était tirée de la phrase a nanga o boko, soit il a dormi dehors. O boko en langue douala, situe «le dehors» et provient du mot éboko qui signifie le dehors / la cour / l’extérieur; et nanga, dormir. Nanga boko résume donc parfaitement la situation des enfants qui vivent en permanence dans la rue, y compris à la nuit tombée».
Quant à la ville Nanga Eboko, elle tire sa dénomination d’un chef guerrier du même nom.
Monique Ngo Mayag