Une alerte est viralement répandue sur les réseaux sociaux. Elle prévient qu’un laboratoire américain est actuellement implanté à Douala pour «tester un médicament préventif contre le vih/sida sur 400 camerounaises saines». En réalité, il s’agit d’une information vieille de 12 ans. En effet, entre 2004 et 2005, un essai clinique de traitement vih-sida est fait sur 400 prostituées de douala par le laboratoire pharmaceutique américain Gilead Sciences.
Après des tests concluants sur des singes, cette industrie voulait valider l’utilisation préventive et vaccinale du Tenofovir (ou Viread) sur des sujets sains et à très exposés à la contamination au Vih (d’où le choix porté sur les prostituées). A l’époque, cette initiative fait couler beaucoup d’encre et de salive. Une enquête menée par France 2 pour son programme « Complément d’enquête » avait de suite créé un tollé général.
Fondation Bill et Melinda Gate
Dans la foulée, le ministre de la Santé publique de l’époque, Urbain Olanguena Awono (actuellement incarcéré pour détournement de deniers publics) fait publier un communiqué. Il y note que l’essai de Gilead «a été autorisé conformément aux normes et standards scientifiques éthiques et administratifs en vigueur au Cameroun.» Lequel essai était financé par la fondation Bill et Mélinda Gate et coordonné par Family Health International.
Toujours est-il que des organisations de la société civile et des avocats comme Simon Pierre Ngue Bong ont déploré l’irrespect des « principes éthiques fixés par les déclarations d’Helsinki et de Manille à savoir : la compétence des investigateurs, le respect des consentements des participants, la confidentialité et la protection des sujets », au cours de ces expériences.
A noter que le Tenofovir est utilisé parmi les antirétroviraux. Et Gilead collabore toujours avec l’Etat du Cameroun. Actuellement, leur dossier commun est sur la réduction du coût de traitement des Hépatites.
Monique Ngo Mayag