Dans l’imagerie populaire, le chômage est rampant au Cameroun. D’aucuns n’hésitent même pas le situer à un pourcentage proche 70, 80, voire 90%. Sauf que l’Institut national de la statique indique que le chiffre sur le chômage est à situer à 3,8%. Ce qui correspond à peu près à 350 000 personnes. L’INS indique que l’âge moyen des chômeurs est de 27 ans. Il est d’environ 28 ans chez les hommes et de près de 27 ans chez les femmes.

Comment peut-on avoir un taux de chômage aussi faible au Cameroun ? En fait l’INS, reconnaît que 3,8% « n’est pas un bon indicateur des tensions sur le marché du travail ». Mais, « en l’absence d’indemnisations, rester chômeur n’est possible que si l’on appartient à une famille relativement aisée susceptible de prendre en charge ceux qui ne travaillent pas », précise l'Institut. En clair, il suffit qu'un chercheur exerce même un métier dans l'informel (moto-taxis, call-box, ventes à la crié, fripier) pour qu'il ne soit plus considéré comme chômeur.

C'est alors qu'intervient la notion de « sous-emploi ». L’INS note que, comme dans la plupart des pays en développement, c’est le sous-emploi qui traduit mieux au Cameroun la réalité du chômage et qui donne une meilleure mesure de l’insuffisance ou de l’inadéquation de l’offre d’emplois. Pour ce qui est du sous-emploi visible, il concerne des personnes qui, involontairement, travaillent moins de 40 heures par semaine. Il touche 14,8% de la population active occupée. Mais le sous-emploi invisible, quant à lui, touche 63,7% des actifs occupés. Il inclut les travailleurs dont la rémunération est inférieure au minimum horaire garanti (l’équivalent de 36 270 FCFA par mois pour 40 heures de travail par semaine).

Sylvain Andzongo