Rumeurs, idées reçues, clichés, superstitions, légende : qui dit vrai ? qui dit faux ?
Non, un enseignant n’a pas été viré du Lycée de Mendong pour avoir proposé un sujet extrait d’un des livres de Maurice Kamto

Non, un enseignant n’a pas été viré du Lycée de Mendong pour avoir proposé un sujet extrait d’un des livres de Maurice Kamto

Paru le vendredi, 08 mars 2019 13:50

Il se dit dans les réseaux sociaux qu’un professeur de philosophie a été renvoyé, voire affecté pour avoir proposé une épreuve tirée du livre «L’urgence de la pensée» de l’opposant camerounais. Est-ce vrai ?

L’affaire fait grand bruit dans les réseaux sociaux et hors Internet. Selon la rumeur, un enseignant de philosophie a été renvoyé le 5 mars 2019, du Lycée bilingue de Mendong, dans l’arrondissement de Yaoundé 6, pour avoir proposé lors de la quatrième séquence d’évaluation, un texte tiré d’un des ouvrages de Maurice Kamto, le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) actuellement en détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé.

Au cœur de la polémique, le sujet numéro 3 proposé le 15 février dernier par l'enseignant aux élèves des classes de terminale C et D, extrait du livre «L'urgence de la pensée – Réflexions sur une précondition du développement en Afrique» paru en 1993.

31846 lettre

Le texte proposé est le suivant : «Contre le tribalisme ou l'ethnisme, le seul adversaire authentique, c'est la démocratie, c'est-à-dire celui qui accepte le pluralisme sous tous ses aspects, qui sait que des formations socioculturelles différentes peuvent coexister sans vouloir la mort les unes des autres, sans vouloir l'éclatement de la nation : en s'enrichissant mutuellement, à travailler ensemble à la réalisation d’un destin que le hasard de l’histoire a voulu qu’il fût commun.  Car nous devons reconnaître qu'il n'y a pas d'ethnie génétiquement tarée ou mauvaise, ni d'ethnie congénitalement parfait ou bonne. Il n'y a que des individus crapules ou honnêtes, paresseux où travailleurs. Chaque groupe socioculturel contient ce qu'il y a de meilleur et de pire parmi les humains. Le reste est question de repère culturel. Une fois qu’on l’a compris, la coexistence devient facile car il n’est plus question alors que de l’aménagement des différences».

Commentaire

Ce sujet «controversé» aurait ainsi motivé le renvoi, voire l’affectation de Félix Ningue, le concepteur de ladite épreuve. Cette information n’est pas vraie. L’enseignant vacataire n’a pas été viré comme on l’entend ci et là.

Il est suspendu provisoirement par l’administration du lycée. «J’ai demandé à M. Ningue Bong d’arrêter de dispenser des cours au Lycée bilingue de Mendong. Qu’il attende que les enquêtes poursuivent leur cours et après enquête, on revient sur la décision ou on prononce une sentence finale», affirme Jean Pierre Voundi Abondo, le proviseur de cet établissement d’enseignement secondaire. Ici, l’on affirme que le contenu de ladite épreuve «ne fait aucun problème». Ce d’autant plus que le texte en question se retrouve dans les deux livres de philosophie inscrits au programme scolaire cette année, à savoir «La philosophie Terminales A, B, C, D, E» et «Comprendre la philosophie».

Par ailleurs, «le texte en soi a trait à une leçon que nous avons enseignée à la 4e séquence, et qui s’intitule "Tribus et classes sociales"», a déclaré sur la chaîne de télévision Canal 2, Félicien Toukam, animateur pédagogique de philosophie dans ledit lycée.

Ce qui fait problème, apprend-on, c’est le commentaire émis par l’enseignant. En publiant l’épreuve sur Facebook, Félix Ningue a accompagné son post du commentaire ci-après : «Le Lycée bilingue de Mendong honore Maurice Kamto». Le post a été supprimé peu de temps après. «Le lycée de Mendong est un établissement apolitique. Lui, en publiant le texte, a émis un premier commentaire et le commentaire a plutôt alimenté les réactions des uns et des autres», soutient le proviseur. Ces propos, l’enseignant de philosophie dit les assumer totalement. Il regrette cependant que cette affaire «soit allée dans tous les sens» et souligne que le texte soumis pour évaluation est celui de l’écrivain Maurice Kamto, et non pas celui de l’homme politique.

P.N.N

Dernière modification le vendredi, 08 mars 2019 13:56

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