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Butin colonial : plus de 7 800 œuvres camerounaises au musée du quai Branly en France

Butin colonial : plus de 7 800 œuvres camerounaises au musée du quai Branly en France

Paru le lundi, 14 mars 2022 14:34

Des œuvres d’art camerounaises se trouvent dans les collections publiques françaises, dont quelque 7 838  rien qu’au musée du quai Branly-Jacques Chirac. Ils sont pour la plupart le fruit de spoliations et de butins de guerres coloniales, selon le rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain remis au président français Emmanuel Macron en novembre 2018. 

Le document, rédigé par les universitaires sénégalais et français Felwinn Sarr et Bénédicte Savoy, révèle que ce musée compte le plus grand nombre d’œuvres et d’objets d’art africain arrivés en France sous la colonisation. Soit 70 000 pièces sur les 90 000 recensées. Le Cameroun est le deuxième pays d’origine de ces œuvres, derrière le Tchad (9 000 pièces) et devant Madagascar (7 500).

« Jusqu’en 1884, seules trois pièces originaires (du Cameroun) sont répertoriées dans l’inventaire du musée du quai Branly-Jacques Chirac. Entre 1885 et 1960 (année de l’indépendance, NDLR), on compte 6 968 arrivées supplémentaires, contre seulement 713 depuis 1960 », explique le rapport qui propose un processus de restitution des œuvres, dont la première étape s’est étalée sur la période de novembre 2018 à novembre 2019. 

Trône royal Bamoun

Au cours de cette période, le « Trône » - nom donné aux deux sculptures en bois formant le dossier d’un trône de roi ou de sultan Bamoun - devait être restitué à l’État camerounais. Ce trône royal a été « collecté » au Cameroun dans le cadre de la mission Henri Labouret en 1934, précise le rapport. Au cours de cette mission, plus de 1 500 objets provenant essentiellement du pays Bamoun et Bamiléké furent ramenés en France.

Lors d’un discours en novembre 2017 à l’université Ouaga 1 au Burkina Faso, Emmanuel Macron a annoncé aux États africains le transfèrement des œuvres culturelles vers leur pays d’origine. « Je veux que d’ici cinq ans, les conditions soient réunies pour des restaurations temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique », a déclaré le président français. Des propos qui ont suscité de grandes attentes chez certains pays africains.

Vendredi, l’ancienne ministre française de l’Environnement Ségolène Royal a déclaré suivre de « très près » la question de la restitution des œuvres, à l’issue d’une audience avec le ministre camerounais des Arts et de la Culture (Minac) à Yaoundé. « Pour moi, il y a un thème central qui est celui de la justice », a-t-elle déclaré, soulignant l’importance de l’identité culturelle. L’État français a déjà rendu au Bénin et au Sénégal certains biens culturels ramenés en France à l’époque coloniale. En attendant la restitution des œuvres camerounaises, le musée du quai Branly organise, du 11 avril au 22 juillet 2022, une exposition qui va mettre en vitrine les éléments constitutifs de l’identité culturelle du Cameroun.

P.N.N

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