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Oui, la traction des cheveux peut entrainer de l’alopécie

Oui, la traction des cheveux peut entrainer de l’alopécie

Paru le vendredi, 14 septembre 2018 11:05

Dans une vidéo diffusée sur whatsapp, une jeune femme affirme que le défrisage et les tissages répétés peuvent provoquer de l’alopécie. Vrai ?

Dans une scène d’une vidéo partagée sur whatsapp depuis le mois de juin 2018, l’on voit une jeune femme noire de 24 ans raconter les raisons qu’elle a d’aimer sa vie, puis contre toute attente, arracher sa perruque et s’épancher sur  son problème de chute de cheveux.

Le but de la vidéo est de sensibiliser sur le tissage, le défrisage et l’usage répété de mèches qui, selon la jeune dame, détruisent le cheveu et provoque de l'alopécie. Celle qui se met en scène s’appelle Fanta Diallo (Solly) et  la vidéo est réalisée  en 2013 dans le cadre d’un mouvement de lutte contre l'auto-racisme dénommé «  Delapopulace », qu’elle fonde avec une amie (la jeune femme à ses côté dans la deuxième partie de la vidéo).

Le type d’alopécie décrit dans la vidéo n’est autre que de l’alopécie de traction. Cette forme d’alopécie, touche majoritairement les femmes à quelques exceptions ethniques près.

Dans un article intitulé « Les alopécies par traction » publié dans les « Annales de Dermatologie et de Vénéréologie », en avril 2013 par N.Kluger, B.Cavelier-Balloy, et P.Assouly, des médecins,  l’alopécie de traction est décrite comme « une variété d’alopécie traumatique  définie par  une perte de cheveux suivie d’une alopécie secondaire due à la mise sous tension de la tige pilaire ».

D’après les mêmes chercheurs, le cheveux crépu, frisé et sec, est de manière générale plus fragile que le cheveu européen et asiatique, et ne s’adapte pas facilement aux différentes méthodes de coiffure. Pourtant, il existe un nombre important de coiffures africaines suivant la culture, le peuple ou le pays.

Antoine Petit et Pascale Reygane, dans un article intitulé « Alopécies particulières aux femmes noires » publié en 2006 dans la revue « Annales de Dermatologie et de Vénéréologie »  expliquent que l’alopécie par traction est une forme particulièrement observée chez les Africaines, les Afro-caribéennes et les Afro-américaines aux cheveux crépus qui préfèrent les avoir lisses (défrisés à chaud ou à froid).

Le défrisage

En outre, les habitudes de coiffure sont également identifiées par N.Kluger, B.Cavelier-Balloy, et P.Assouly, comme les principales responsables de cette anomalie; même s’ils avouent qu’il est difficile d’apprécier si un style ou un mode de coiffage précis est plus à risque qu’un autre. D’autre part, sur le sujet biochimique, bien que les anomalies du cheveu dues aux défrisages à froid (avec des produits) n’aient pas été explorées en profondeur et qu’elles continuent d’être débattues, N.Kluger, B.Cavelier-Balloy, et P.Assouly, qui  citent une étude de Khumalo, expliquent qu’il y a une diminution de la cystine (un acide aminé) dans les cheveux de patientes africaines utilisant des défrisants; ce qui peut favoriser la fragilité capillaire. Ils citent de plus le défrisage à chaud (avec un peigne, un fer à frissage ou à lisser), comme une technique considérée depuis la fin des années 1960, comme co-responsable d’alopécies.

L’alopécie par traction n'est pas irrémédiable. A son stade précoce, elle peut être traitée. Il suffit de se rendre chez un dermatologue qui en déterminera la cause et le traitement adéquat.

Rose Sende

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