Depuis mars 2018, les fidèles de l’Eglise presbytérienne d’Ebolowa font leur culte à l’air libre ou dans des lieux peu orthodoxes, telles que des salles de fêtes. C’est que, presque tous les temples de cette ville de la région du Sud sont scellés ; à l’exception de quelques sites en zones rurales et sans grand enjeu.
Deux journalistes résidant dans cette ville nous expliquent l’origine de ce problème qui commence à durer. On apprend d’eux qu’en 2016, l’Assemblée générale de l’Eglise presbytérienne du Cameroun (instance faitière) décide de scinder le « Consistoire Ntem » en trois.
Une décision qui ne réjouit pas une partie du consistoire en question, y compris son modérateur (sorte de superviseur), Chapelain Mimbé. Dans les colonnes du journal Le jour en mars dernier, ce dernier déclare : «L’église centrale a pris la résolution de diviser notre consistoire en trois : sans se soucier de ce que disent les textes, ça veut dire commencer à la base. La décision est seulement tombée de l’assemblée générale, ce qui est anticonstitutionnel […]».
Tribunal
Ce qui créera de fait deux camps. Lesquels se retrouvent au tribunal de première instance, puis à la cour d’appel. A chaque fois, le juge tranche en faveur de ceux qui sont pour l’éclatement du Consistoire en trois. Mais l’équipe perdante, ayant plus de pasteurs et de fidèles, n’est pas prête à capituler. Ce qui donne suite à de fréquentes mises sous scellés depuis 2016. Mais depuis mars 2018, le statu quo et les scellés s’éternisent.
Entretemps, les portes du temple d’Ebolowa-Ville ont été arrachées par les fidèles, fatigués de participer à des cultes à l’air libre. Le temple de la paroisse d’Elat, où naquit l’Église presbytérienne au Cameroun dans les années 1830, reste tout aussi scellé. « Il y a toujours eu des problèmes à Elat », déplore une protestante sexagénaire, avec lassitude. Le nœud de tout cet imbroglio serait d’ordre financier et une guerre de pouvoir…
Monique Ngo Mayag