Un article intitulé « Une nouvelle drogue fait pourrir le corps des gens qui en consomment » du site web parodique ayoyemonde est partagé depuis quelques temps par des internautes africains. Il rapporte l’existence d’une drogue artisanale dénommée « Krokodil », capable de provoquer la décomposition de la chair.
Si la drogue « Krokodil » existe bien, les informations contenues dans cet article ne sont par contre pas tout à fait exactes.
Encore appelée « Cheornaya », « Krokodil » est une drogue de préparation artisanale contenant comme ingrédient psychoactif de la désomorphine, un opiacé dérivée de la codéine. Plusieurs sources rapportent sa première apparition en 2002 en Sibérie et en Extrême-Orient russe. Elle y est surtout répandue et employée en remplacement de l’héroïne. D'ailleurs, tout comme l'héroïne, elle a un effet sédatif et analgésique et crée une forte dépendance.
Depuis 2011, outre dans la Fédération de Russie, de nombreux médias rapportent la propagation de cette drogue dans plusieurs pays d’Europe et en dehors; entre autres en Allemagne, en Norvège, en Ukraine, au Kazakhstan, au Pays-bas, en Belgique, en Grande-Bretagne, aux États-Unis et au Mexique; des informations non confirmées ou quelques fois rejetés par les autorités et les structures compétentes.
En 2011, en l’occurrence, l’idée de la présence de cette drogue dans d'autres pays européens que la Russie est rejetée par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), qui la relègue au plan de rumeur dans une note d’information datée du 28 octobre 2011 et actualisée le 4 novembre 2011.
Sa présence est également remise en doute en Octobre 2013, aux États-Unis par la Drug Enforcement Agency (DEA) ; et un an plus tard par Michael E Mullins & Evan S Schwarz, deux chercheurs de la Division de médecine d'urgence de l’université de St Louis à Washington, qui dans un article dans l’ American journal of medicine en juillet 2014, affirment qu’elle est une « légende urbaine et non un fait médical ».
A ce jour, la présence de cette substance, n'a été officiellement confirmée qu'en Russie.
Toxicité
L’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime dans son rapport mondial sur les drogues 2012 (p.12), explique que le processus de production de cette drogue « engendre de fortes concentrations de produits chimiques (…) qui provoquent des lésions cutanées aux points d’injection, des troubles des systèmes endocrinien, nerveux et musculaire et une inflammation du foie et des reins ».
D’autres sources indiquent que ceux qui se l'injectent peuvent développer des ulcérations cutanées extrêmes, des infections et de la gangrène.
R.S