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Non, le SIDA ne se transmet pas en consommant un ananas manipulé par un malade

Non, le SIDA ne se transmet pas en consommant un ananas manipulé par un malade

Paru le mercredi, 23 janvier 2019 14:06

Il se dit sur une publication whatsapp que le SIDA peut se transmettre lorsqu’on consomme un fruit touché par du sang infecté. Vrai ?

Depuis peu sur whatsapp, un texte met en garde contre les fruits achetés dans la rue auprès de marchands ambulants. Le message que l’auteur dit « transmis dans l’intérêt public » indexe l’ananas, la pastèque et la papaye. Il rapporte en substance qu’un garçon de 10 ans originaire de la Barbade aurait attrapé le SIDA, 15 jours après avoir mangé de l’ananas contaminé au sang infecté d’un marchand. 

Il s'agit d'un hoax. Par ailleurs, ce texte est plein d'affirmations erronées. 

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La première, le syndrome d'immunodéficience acquise, plus connu  sous l’acronyme SIDA,  que l’auteur du texte affirme  avoir été détecté chez l’enfant, 15 jours après la consommation du fruit n’est pas une maladie en soi. Il s’agit plutôt de la phase 4 de l’infection à virus de l'immunodéficience humaine (VIH). Le SIDA n’intervient que lorsque le patient atteint de VIH commence à ressentir des symptômes consécutifs à l’endommagement extrême et à l'affaiblissement du système immunitaire (au moment où les infections dites "opportunes" commencent à s’installer).  

D’un point de vue scientifique, le  VIH peut vivre dans l’organisme  en moyenne 5 à 7 ans (la période varie cependant  d'un individu à un autre) avant que la maladie n'évolue vers le SIDA. Les phases qui précèdent (1,2 et 3) sont successivement celles de la « Primo-infection » et de latence (ici, il y a alternance entre une phase asymptomatique et une phase symptomatique).

La deuxième, sur la période de détection de la maladie. Pour le cas d’espèce, le texte parle de 15 jours. Sur le sujet, Dr. Atah Jude, médecin à  Hadassah Medical Center est formel, s’il y a bien eu une infection à VIH du garçon,  elle ne peut avoir eu lieu qu’ailleurs et non au contact du marchand. Le médecin explique à ce sujet que « pour que le VIH soit détectable, il faut qu’un minimum de 3 mois (période d’incubation) s’écoule entre le moment soupçonné de l’infection et l’examen ».  

La troisième, la transmission via la consommation d’un aliment touché par le sang infecté. A ce sujet, le Dr. Atah est catégorique, « le VIH ne se transmet pas par la nourriture ».  « Lorsque l’enfant va consommer l’ananas qui a touché le sang, les acides du système digestif se chargeront de détruire le virus » poursuit-il. Une thèse partagée par le Centre américain de contrôle et de prévention des maladies. Sur le site web de la structure sur le thème de la transmission du VIH, à l’onglet sur les aliments, il est écrit: « Vous ne pouvez pas contracter le VIH en consommant de la nourriture manipulée par une personne séropositive. Même si l'aliment contenait de petites quantités de sang ou de sperme infectés par le VIH, l'exposition à l'air, à la chaleur de cuisson et à l'acide gastrique détruirait le virus » [Traduction].

La transmission du VIH par le sang se fait uniquement à travers le contact direct; via le partage de seringues et/ou d’autre matériel (coton, cuillère, garrot, eau,…), des plaies accidentelles survenue, par piqûre ou par coupure provoquée par du matériel infecté  (risque faible); ou encore par transfusion de sang provenant d’une personne infectée.

Retour du hoax

Ce n’est pas la première fois que ce hoax sur la transmission de l’infection à VIH par la consommation de fruits est diffusé sur  les réseaux sociaux. Entre 2015 et 2016, des fausses alertes santés sur des oranges et des bananes étaient fortement relayées.

Rose Sende

Dernière modification le mercredi, 23 janvier 2019 14:33

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