Rumeurs, idées reçues, clichés, superstitions, légende : qui dit vrai ? qui dit faux ?
Oui, le tramadol peut tuer

Oui, le tramadol peut tuer

Paru le mardi, 23 octobre 2018 15:43

Un article partagé sur les réseaux sociaux rapporte les effets mortels du tramadol . Vrai?

Un article du site web Vonjour  by VonVon sur les effets mortels du tramadol est partagé depuis quelques semaines sur les réseaux sociaux. Son titre : «  Tramadol, l’antidouleur qui provoque la mort » est assez évocateur. Il y est notamment dit que le produit peut avoir des effets secondaires (nausées, des maux de tête, la somnolence…) à l’utilisation normale. Et que selon un pathologiste d’Irlande du Nord dénommé Jack Crane,  cet antidouleur serait responsable de nombreuses morts.

Comme cet article, depuis plus de 5 ans, les médias audiovisuels, la presse écrite et les médias virtuels au Cameroun rapportent assez régulièrement des nouvelles de morts liées indirectement ou directement à la consommation illicite de ce produit dans toutes les zones du pays (en particulier dans la zone du Septentrion, du Nord-Ouest et du Centre). A la base un médicament antalgique, utilisé pour prévenir ou traiter la douleur modérée ou sévère, son usage est de plus détourné dans le pays. D’après des statistiques  du Comité national de lutte contre la drogue (Cnld) sur la consommation des produits illicites au Cameroun, le tramadol est parmi les principales substances primaires les plus demandées (44,62%).  

Oui , le Tramadol peut provoquer des effets indésirables (sensations vertigineuses, nausées, maux de tête, somnolence, fatigue, constipation, sécheresse de la bouche, vomissements, sueurs excessives...). Cependant, d’après la notice du médicament (lire effets indésirables éventuels),  ces effets ne surviennent pas systématiquement chez tout le monde.

Oui, le tramadol peut rendre dépendant. Au sujet de cette pharmacodépendance,  une étude rétrospective des intoxications aiguës au tramadol réalisée par le centre antipoison et de toxicovigilance de Bordeaux (2007-2013) indique que « La dépendance fait suite à une prescription initiale à des doses thérapeutiques à but antalgique. L’augmentation progressive des doses est parfois motivée par la recherche d’un bien être, d’un effet plaisant, euphorisant ou stimulant. Les durées de consommations sont longues, avec un sevrage difficile même à dose thérapeutique ». Par ailleurs, la notice du médicament précise également que le « syndrome de sevrage peut apparaître lors de l’arrêt brutal du traitement ».

Non, la consommation du tramadol dans le cadre d’une prescription médicale respectée n'expose pas  le patient à la mort. Le tramadol peut toutefois tuer lorsqu’il est associé à d’autres substances comme l’alcool qui majore l'effet sédatif des analgésiques morphiniques.  Ou encore lorsque son seuil de concentration toxique est atteint. D’après l’étude sus-mentionnée, chez l’adulte, 500 mg est la plus faible dose rapportée en France pouvant entrainer des convulsions, une dépression respiratoire, un état d’agitation, une tachycardie ainsi qu’une hypertension. Tandis que 800 mg est la dose indiquée la plus faible rapportée entrainant un coma associé à une dépression respiratoire. La même étude n’exclut pas qu’à la dose thérapeutique de 200 mg, il survienne une crise convulsive.

Cette étude cite par ailleurs sur le plan international, des chiffres  émanant de The International Association of Forensic Toxicologists (TIAFT). D’après TIAFT, la concentration thérapeutique du tramadol se situe entre 100 et 800 mg/ml ; sa concentration toxique se situe entre 1000 et 2000 mg/ml, tandis que  la dose létale serait de l’ordre 2000 mg/ml.

Rose Sende

● E-Arnaques


● Fact Cheking