« Ami o » est l’une des chansons camerounaises les plus reprises dans le monde. Francis Bebey, Bisso Na Bisso, Henri Salvador, Manu Dibango, Monique Seka et bien d’autres chanteurs l’ont interprété à leur sauce.
Ce titre a surtout été popularisé par la regrettée Bébé Manga (1951-2011). Mais au départ, il est l’œuvre de l’artiste camerounais Ebanda (Dooh) Manfred qui nous a quittés le 3 septembre 2003. Il écrit les paroles, composé la mélodie en 1960 ; et enregistre en 1962 !
Avant sa mort, l’auteur a raconté l’épopée de sa chanson. L’histoire rapporte que le jeune Ebanda d’alors était très amoureux d’une certaine Brigitte Amié Essomba. Vous voyez le lien ? Ami O et Amié… Nous disions donc que Ebanda était très épris d’elle mais la jeune mère voulait sevrer son bébé, fruit d’une précédente relation, avant de s’engager dans une autre.
Amoureux éconduit
Après moult tentatives infructueuses et trouvant l’attente longue, l’amoureux éconduit pleura son chagrin dans une chanson dont voici le refrain en langue Duala (lire douala): « Amié, njika bunya so mo, oa mo o ma dubè no, na mba tondi oa?… » Traduction en langue de Molière : « Amié, quand croiras-tu enfin en mon amour?… ». Plus tard, Ebanda Manfred, officie comme agent comptable à l’Organisation Africaine de la Propriété intellectuelle (OAPI) mais demeurera chanteur, guitariste et compositeur hors pair. Il a d’ailleurs contribué à propulser le Makossa.
Version originale « Amié » : non disponible en ligne
Version de Bébé Manga « Ami O » : https://www.youtube.com/watch?v=2TPa-dpCMfw
«Je sais que la chanson “Amié” a été reprise plus de 20 fois mais, de tous les chanteurs qui l’ont interprétée, je n’en connais qu’une dizaine. A l’exception d’un Américain dont je ne me rappelle plus le nom qui a contacté mon avocat en 1984 et a versé 5 millions de Fcfa- moi je n’ai eu droit qu’à 2 millions de Fcfa de cette somme - pour reprendre “Amié”, aucun des autres chanteurs n’est entré en contact avec moi. Mais leurs adaptations d’“Amié” ont généré des droits qui m’ont été versés », révélait Ebanda Manfred dans un article paru dans le journal Le Messager N° 949 du mercredi 4 août 1999.
Monique Ngo Mayag