L’homme politique Augustin Frédéric Kodock (décédé en 2011) présidait une séance de travail entre les députés et des cadres du parti d’opposition UPC –union des populations du Cameroun- lorsqu’il lâcha une phrase qui lui colla à la peau : « Qui mirmire dans la salle ? ». Il s’insurgeait ainsi contre des participants qui murmuraient et causaient du brouhaha. « Ce n’était pas exactement ces mots là, mais c’était quelque chose de ce genre », précise un historien.
Quoiqu’il en soit, cette célèbre interrogation a amplifié l’idée selon laquelle les Bassa peinent à prononcer le « U » en français et le transforment généralement en «I».
Illustration dans cette phrase : « L’Ipc veut des gens dirs, mirs et pirs ». Comprenez : L’UPC veut des gens durs, mûrs et purs. Si votre interlocuteur a donc tendance à articuler le « I » ou à mettre les « I » où il faut le « U », il est probablement un Bassa.
Dans son livre « Usages linguistiques et constructions identitaires au Cameroun », Valentin Feussi souligne que « le Bassa articule [i] où d’autres ethnies font le [y], le [e] où d’autres font [əә]. De même, l’Ewondo utilise la nasale vélaire de manière peu régulière et le Bamiléké fait intervenir l’occlusive vélaire [k] où il ne faut pas.
Les Anglophones, quant à eux, font usage du phonétisme de l’anglais dans leur usage du français et les Nordistes font usage du [ɾ] quand les autres font le [r].» Voilà qui est dit.
Monique Ngo Mayag