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ECONOMIE (413)

Yaoundé : le préfet du Mfoundi interdit les contrôles routiers à la police municipale après la mort de deux personnes

Ce 17 avril, le préfet du Mfoundi, Emmanuel Mariel Djikdent, a instruit les maires de demander à leurs agents de cesser toute activité de contrôle routier. « Nous disons encore que la voie publique doit être tenue par les forces de police et de gendarmerie. Les municipalités sont chargées du bon ordre et non du maintien de l’ordre. Nous ne devons pas vivre dans une capitale où il y a des incidents provoqués. C’est une instruction que j’ai donnée. Plus de contrôle en dehors de la police et de la gendarmerie ! », a tempêté l’autorité administrative à la radio publique CRTV.

Cette sortie du préfet intervient après que deux personnes — un conducteur de mototaxi et son passager — ont trouvé la mort ce mercredi suite à un accrochage avec des agents communaux. Selon la CRTV, tout est parti de l’interpellation du conducteur de mototaxi par des agents de la police municipale de Yaoundé, dont le rôle est « d’assurer le bon ordre, la sûreté, la tranquillité, la sécurité et la salubrité publiques sur le territoire de la commune ou de la Communauté urbaine », selon le décret du chef de l’État du 9 août 2022 fixant les modalités d’exercice de cette force au Cameroun.

Le refus d’obtempérer du conducteur a donné lieu à un accrochage avec les agents municipaux. C’est en voulant échapper au contrôle que le conducteur a fini sa course sous un camion. Lui et son passager ont été tués sur le coup, apprend-on. Toute chose qui a suscité l’indignation des chauffeurs de mototaxi. Connue comme un corps professionnel très solidaire, une horde de « bendskineurs » (nom couramment employé pour désigner les moto-taximen) en colère a barré les accès donnant à la mairie, en guise de représailles. D’après la CRTV, les forces de maintien de l’ordre ont eu recours au gaz lacrymogène pour disperser la foule mécontente.

Il faut dire qu’entre la police municipale et les conducteurs de taxis, la tension couve très souvent. Les premiers accusent notamment les seconds d’indiscipline, ceux-ci exerçant très souvent sans papiers et refusant d’être assujettis au paiement des taxes diverses liées à l'exercice de leur fonction. Les conducteurs de mototaxi, eux, se plaignent d’être rançonnés régulièrement par les agents de la police municipale, communément appelée « Awara ». Le préfet du Mfoundi a également invité les présidents d’associations et des syndicats de mototaxis à demander à leurs membres d’être davantage disciplinés. « On tend à confondre les moto-taximen comme les personnes désordonnées. Or, l’activité de mototaxi est là pour nourrir son homme. Nous demandons la discipline », a déclaré Emmanuel Mariel Djikdent.

Ce n’est pas la première fois que les autorités administratives recadrent l’activité des agents communaux. En février 2019, le préfet du Mfoundi de l’époque, Jean Claude Tsila (décédé en août 2020), avait pris la décision de suspendre durant un mois la police municipale d’exercice sur toute l’étendue de sa circonscription administrative. Cette décision faisait suite à une rixe ayant opposé un conducteur de mototaxi à des agents municipaux au quartier Elig-Edzoa, dans le 1er arrondissement de la ville. Cet incident

Patricia Ngo Ngouem

Lire aussi:

Douala : le préfet du Wouri recadre l’activité des agents communaux accusés de faire du contrôle routier

Paru le mercredi, 17 avril 2024 14:02

La chute du naira nigérian fait baisser le prix de l’essence de contrebande dans le nord du Cameroun

Le prix du carburant de contrebande en provenance du Nigeria voisin, encore appelé zoua-zoua, vient de chuter. Dans les rues de la ville de Garoua, région du Nord, le litre de zoua-zoua est passé de 800 FCFA à 350 FCFA cette semaine. Raphaël Welyang, conducteur de mototaxi à Garoua, fait remarquer que cette baisse ne concerne pas seulement le carburant. Mais tous les produits de contrebande en provenance du Nigeria.

Cette situation n’est pas étrangère à la nouvelle dévaluation du naira, la monnaie nigériane par rapport au dollar américain. Abuja parle d’une chute de 31% de la valeur du naira. Une dévaluation « historique » de l’avis des experts. Résultats des courses, les trafiquants camerounais achètent le litre de zoua-zoua de l’autre côté de la frontière à environ 125 FCFA le litre, soit une baisse de près de 40% du prix pratiqué au début de cette année, si on en croit des confidences.

Le nouveau prix du zoua-zoua, surtout consommé par les conducteurs de mototaxi, a commencé à tirer le prix du transport vers le bas. Selon Raphaël Welyang, le prix de transport sur l’axe entre Garoua et la ville de Pitoa, qu’il pratique chaque jour, est passé de 500 FCFA à 350 FCFA. Et il admet que les prix ont aussi commencé à changer dans la principale ville de la région du Nord.

Pour le moment, la baisse des prix est timide à Maroua dans la région de l’Extrême-Nord. Mais bientôt, tout laisse penser que le litre de zoua-zoua à Maroua va aussi se vendre à 350 FCFA comme à Garoua. À Ngaoundéré, dans la région de l’Adamaoua, c’est beaucoup plus compliqué à cause des contrôles des douaniers.   

Michel Ange Nga

Paru le jeudi, 22 février 2024 14:47

Chemin de fer Cameroun-Tchad : trois itinéraires possibles pour un coût pouvant atteindre 5 000 milliards FCFA

Le Cameroun et le Tchad ne se sont pas encore accordés sur le tracé du futur chemin de fer devant relier les deux pays. D’après un haut responsable du ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire présent au Business Week de l’Union européenne et du Cameroun le 20 février, trois tracés possibles avec des coûts variables sont proposés.

L’on apprend ainsi que l’un des itinéraires envisagés est Ngaoundéré-Garoua-Maroua-Kousseri-Ndjamena. Autrement dit, l’essentiel de ce chemin de fer se trouvera en territoire camerounais, car il desservirait toutes les principales capitales des régions septentrionales jusqu’à la ville de Kousseri frontalière avec la capitale tchadienne Ndjamena. Coût estimé de ce tracé 4 829 milliards FCFA.

Un deuxième tracé envisagé part de Ngaoundéré pour Ndjamena en passant par Moundou, Kello et Bongor. Contrairement au premier tracé, celui-ci traverserait majoritairement le Tchad pour une enveloppe estimée à 2 988 milliards FCFA.

Le dernier tracé envisagé suit le linéaire Ngaoundéré-Garoua-Figuil-Kéré-Pala-Kello-Bongor-Ndjamena pour un coût de 4 948 milliards FCFA.

Le projet de prolongement du Transcamerounais jusqu’à la capitale tchadienne a pour but d’améliorer la compétitivité du corridor Douala-Ndjamena. Le projet devrait être financé en mode Partenariat public-privé. Le dossier est une table des bailleurs qui devraient boucler les financements entre 2025 et 2026. Selon le chronogramme, le début des travaux est annoncé pour l’année 2026.

L.A.

Paru le jeudi, 22 février 2024 08:19

Barrage de Lom Pangar : EDC promet d’électrifier 150 localités de la région de l’Est cette année

Le nouvel échéancier du projet d’électrification de 150 localités de la région de l’Est est connu. Dans une interview publiée dans un catalogue dédié à la 9e édition du Salon international de l’entreprise, de la PME et du partenariat de Yaoundé (Promote), qui a débuté le week-end dernier, le directeur général de Electricity Development Corporation (EDC) fait savoir que le projet est très avancé. Théodore Nsangou (photo) précise que les premiers villages pourront être électrifiés à partir des mois de mars et avril, le reste en octobre au plus tard.

Au départ, EDC avait annoncé la fin de ce projet d’électrification à la fin du premier semestre 2022. Cet objectif n’a pas été tenu parce que la mise en service de l’usine de production du barrage de Lom Pangar, dans la région de l’Est, a pris du retard. Depuis le début de cette année, trois des quatre turbines de (7,5 MW chacune) sont entrées en activité. Théodore Nsangou indique que c’est assez pour répondre à la demande en énergie électrique de la région de l’Est. À commencer par Bertoua, Batouri, Abong-Mbang, certaines des principales villes de la région.

Pour ce qui est des 150 villages, il va falloir attendre le temps de construire 438 kilomètres de moyenne tension et de 206 kilomètres de basse tension. « Deux entreprises, tunisienne et marocaine, ont gagné les marchés. Au niveau des approvisionnements, les poteaux métalliques sont déjà en cours d’implantation, notamment sur la ligne Messamena à partir d’Abong-Mbang. Les appareils du style transformateurs, disjoncteurs, sont déjà livrés, et nous avons un calendrier de mise en réseau de ces villages », explique le directeur général de EDC.

Michel Ange Nga

Paru le lundi, 19 février 2024 18:32

Pouvoir d’achat : l’INS annonce des risques de tensions inflationnistes en 2024

L’institut national de la statistique (INS) prévient dans un récent rapport que cette année, « les tensions inflationnistes, qui ont pris racine en 2021 à cause du COVID-19, puis ont commencé à monter en puissance au cours de l’année 2022 avec le conflit russo-ukrainien, ont continué de s'intensifier en 2023, conduisant le pays à un taux d’inflation de +7,4% ». Dans ce document, les analystes s’accordent que même si la normalisation des chaînes d'approvisionnement, la baisse des prix de l'énergie et des denrées alimentaires, l'adoption de mesures de resserrement de la politique monétaire par la plupart des banques centrales, peuvent conduire à une diminution de l'inflation en  2024, « il est prévisible qu’à la suite de la révision à la hausse des prix du carburant le 3 février 2024 et la répercussion directe ou indirecte sur les autres prix, notamment ceux du transport, des produits vivriers et des produits manufacturiers, le taux d’inflation se situe aux alentours de 7,0% en fin 2024 ».

Face à ces tensions inflationnistes, l’INS recommande au gouvernement d’accélérer la mise en œuvre de la politique de transformation structurelle de l'économie, socle de la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30). « Ceci est d'autant plus crucial si le conflit russo-ukrainien et les tensions au Proche-Orient perdurent, avec des conséquences inflationnistes potentiellement persistantes », fait savoir l’INS.

Entre autres mesures pour freiner l’inflation, l’Institut recommande le développement de l’offre agricole et les unités de transformation, accélérer la restructuration et la modernisation de la Sonara, de même que les ressources énergétiques alternatives ; ou encore l’amélioration de la compétitivité des entreprises et du climat des affaires, « ainsi que la lutte contre les oligopoles, les monopoles, les ententes et les abus de position dominante ».

L.A.

Paru le jeudi, 15 février 2024 06:35

Cameroun-Tunisie : la grande commission mixte annoncée en avril 2024 à Yaoundé pour redynamiser la coopération

Arrivé en fin de séjour, l’ambassadeur de Tunisie, Karim Ben Becher, a annoncé que le Cameroun va abriter les assises de la 11session de la grande commission mixte de coopération Cameroun-Tunisie en 2024. Ces assises auront lieu du 23 au 24 avril prochain à Yaoundé, a déclaré le diplomate tunisien, à l’issue d’une visite d’au revoir au ministre du Commerce (Mincommerce), Luc Magloire Mbarga Atangana.

Cette annonce n’est pas nouvelle. En son temps, son prédécesseur, Jalel Snoussi, avait annoncé la tenue de la 11e édition de cette plateforme d’interaction en octobre 2020 dans la capitale camerounaise Yaoundé, conformément à la règle d’alternance. Mais celle-ci n’a jamais eu lieu. Et les raisons de sa non-tenue n’ont pas été communiquées.

La dernière session de la grande commission mixte de coopération entre le Cameroun et la Tunisie a eu lieu en mars 2016 à Tunis, la capitale tunisienne. Elle avait abouti à la signature de quatre accords de coopération dans les domaines de l’enseignement supérieur, de la santé, du tourisme et de l’artisanat. Yaoundé et Tunis entendent densifier davantage leur coopération, à la faveur de la 11session annoncée pour cette année. L’objectif est de tirer pleinement profit des potentialités offertes par les deux pays.

Le Cameroun et la Tunisie ont établi leurs relations diplomatiques en 1963. Plusieurs accords régissent les relations entre les deux pays, notamment dans les domaines politique, culturel, scientifique, économique, commercial, éducatif et touristique. Cette coopération est marquée, entre autres, par des rencontres de haut niveau, des échanges d’expérience et des visites de prospection économique qui ont permis à des opérateurs économiques tunisiens de nouer des contacts d’affaires avec leurs homologues camerounais.

P.N.N

Paru le lundi, 12 février 2024 16:11

Entreprise publique : un ancien procureur général nommé directeur général de la Sonara

Au terme d’une session extraordinaire de son conseil d’administration, tenue ce 9 février à Limbe (région du Sud-Ouest), Harouna Bako (extrême gauche sur la photo) a été désigné directeur général de la Société nationale de raffinage (Sonara). Il remplace à ce poste Jean-Paul Simo Njonou (extrême droite sur la photo), à la tête de cette entreprise publique depuis janvier 2019.

Magistrat de formation, ce n’est pas dans le pétrole, mais au sein des tribunaux que Harouna Bako a fait ses armes. Ancien procureur général près la Cour d’appel de l’Ouest et la Cour d’appel du Littoral, il a également été président des tribunaux d’Eseka et de Nkongsamba.

En 2016, il quitte la Cour d’appel de l’Ouest pour être nommé directeur général adjoint du Port autonome de Kribi. En juillet 2023, le natif de Nanga Ebokoa (région du Centre) est ensuite nommé directeur général de la Cameroon Oil Transportation Company (Cotco), entreprise en charge de la gestion du pipeline Tchad-Cameroun, poste occupé jusqu’à sa nomination à la Sonara.

À la Sonara, il retrouve une entreprise sinistrée depuis l’incendie qui a ravagé une partie de ses installations en mai 2019. D’après de récentes données de la Caisse autonome d’amortissement, la dette de la Sonara auprès de ses fournisseurs étrangers s’élève à environ 425 milliards FCFA. Détenant à elle seule 82% du total de la dette extérieure des entreprises publiques, la Sonara est l’entreprise d’État la plus endettée.

« La responsabilité de la Sonara est grande dans le processus qui doit conduire notre pays vers l’Émergence à l’horizon 2035 », a déclaré le ministre de l’Eau et de l’Énergie (Minee) en installant Harouna Bako. Cette nomination intervient dans un contexte où le président de la République « a instruit le gouvernement de tout mettre en œuvre pour accélérer le processus de reconstruction de cette importante société qui est le gage de notre indépendance énergétique en matière d’approvisionnement en produits pétroliers », a ajouté Gaston Eloundou Essomba (au centre sur la photo).

Ludovic Amara  

Paru le vendredi, 09 février 2024 12:53

Eau potable : le budget de Camwater baisse de 40,8% pour se situer à 84,6 milliards de FCFA

Le conseil d’administration de Cameroon Water an Utilities Corporation (Camwater), qui s’est tenu le 30 janvier dernier à Douala, a adopté un budget de 84,6 milliards de FCFA pour l’année 2024. Pour cette année, 40% du budget devrait être affecté au développement des infrastructures ; 38,4 % à l’exploitation et la satisfaction de la clientèle et 57,6 % à la gouvernance et l’appui institutionnel.

Le budget 2024 est en baisse de 58,45 milliards (40,8%) par rapport au 143 milliards adopté l’année dernière. L’entreprise n’a pas expliqué cette baisse. On ignore en plus le taux de réalisation du précédent budget.

Entreprise publique concessionnaire du système de production et du réseau de distribution de l’eau potable, la Camwater peine à résorber le déficit en eau qui frappe les villes du pays. Déficit qui se caractérise par de nombreuses coupures d’eau. D’après des données du ministère de l’Eau et de l’Énergie, le programme d’accès à l’eau potable que le gouvernement développe depuis quelques années a permis de porter la desserte d’eau potable de 52% en 2022 à 54% en 2024. Le nombre d’abonnés Camwater est aussi passé de 558 000 en 2022 à 650 000 en 2023.

Un projet visant à fournir une capacité de production supplémentaire de l’eau potable de Yaoundé de 300 000 m3 par jour est en cours de réalisation. Un projet similaire est envisagé à Douala, l’autre plus grande métropole du pays.

L.A.

Paru le jeudi, 08 février 2024 09:44

À Promote 2024, la France veut « marquer les esprits » et « rester dans le jeu » au Cameroun

Le pavillon France au Salon international de l’entreprise, de la PME et du partenariat de Yaoundé (Promote) cette année va accueillir 20 entreprises françaises. À l’ambassade de France au Cameroun, on assure que, avec cette représentation, la France veut montrer son savoir-faire. Mais, comme le fait savoir la représentation diplomatique française, il est surtout question de « marquer les esprits » et « rester dans le jeu » au Cameroun.

Il faut dire que les entreprises françaises font face à une grande concurrence des multinationales des autres puissances. « La présence française a été concurrencée ces dernières décennies, c’est bien normal, par d’autres. Il nous appartient d’être meilleurs, plus efficaces, d’œuvrer ensemble à une plus grande transparence des marchés », avait suggéré Emmanuel Macron (photo) lors de sa visite à Yaoundé en juillet 2022.

Il semble bien que le message soit bien passé, près de deux ans après. En tout cas, les 20 entreprises attendues à la 9e édition de Promote n’ont pas l’intention de passer inaperçues. Un communiqué de l’ambassade de France annonce que des conférences et des ateliers thématiques, animés par les services de l’Ambassade de France, seront organisés au pavillon France durant le salon.

Le discours de Emmanuel Macron à Yaoundé constitue désormais un des piliers de la nouvelle vision de la diplomatie française. L’année dernière, Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, l’a présenté. Il en ressort que Paris va plus que jamais assister ses entreprises à l’étranger, notamment en Afrique.

Michel Ange Nga

Paru le jeudi, 08 février 2024 03:04

Produits pétroliers : l’État du Cameroun déplore un manque à gagner de plus de 2 000 milliards de FCFA sur 10 ans

Le ministre de l’Eau et de l’Énergie (Minee), Gaston Eloundou Essomba (photo), affirme que la subvention des produits pétroliers a entrainé d’importants manques à gagner pour l’État sur une décennie. « Au cours des dix dernières années, le volume global des manques à gagner a dépassé la barre de 2 000 milliards de FCFA, avec un pic sur l’année 2022. En d’autres termes, ce que l’État a payé en 2022 en termes de subvention des produits pétroliers correspond à environ 25% des ressources propres du budget de l’État », a déclaré le membre du gouvernement mardi 6 février, à l’occasion de la communication gouvernementale relative à la récente revalorisation des prix à la pompe du gasoil et du super au Cameroun.

À la suite d’une hausse des prix des produits pétroliers qui avait conduit aux émeutes dites de la faim en février 2008, le gouvernement avait décidé de geler les prix à la pompe malgré l’augmentation progressive du prix du baril à l’international. Ce blocage des prix veut que le gap entre le prix réel du produit raffiné obtenu à partir du brut importé et celui pratiqué à la pompe soit supporté par le gouvernement. « Au cours des années 2022 et 2023, la conjoncture pétrolière internationale défavorable a contribué à maintenir un écart persistant entre les prix réels des produits pétroliers importés et leurs prix appliqués à la pompe qui, en raison de la politique gouvernementale de gel des prix, s’est traduit par un important soutien à la consommation et à fortiori, par un niveau élevé de manques à gagner à compenser par l’État aux importateurs. Cette subvention de l’État aux carburants à la pompe est devenue quasiment insoutenable pour le Trésor public », soutient Gaston Eloundou Essomba.

Concernant les manques à gagner, le Minee explique que ceux-ci sont calculés sur la base des cotations réelles des importations, notamment les cotations des produits pétroliers (publiés par le PLATT’S), la parité euro/dollar (publiés quotidiennement par institutions spécialisées) et la prime du trader. « À titre d’illustration : pour deux cargaisons de 10 000 tonnes métriques de gasoil chacune importées les 10 et 29 janvier 2024 avec les paramètres suivants : au 10 janvier, cotations Platt’s de 808,25 dollars US/TM et Forex ou parité euro/dollar de 1,084 3 ; au 29 janvier, 742,90 dollars US/TM et Forex ou parité euro/dollar de 1,095 3. Les manques à gagner enregistrés seront de 569 millions de FCFA pour la cargaison du 10 janvier et de 1 milliard de FCFA pour la cargaison du 29 janvier. On observe que la variation des paramètres sus-évoqués (50 dollars/TM sur les cotations Platt’s et 0,011 sur la parité) a pour conséquence un écart de 431 millions de FCFA sur les deux cargaisons, alors qu’elles ont été importées au cours du même mois », dit-il.

Diminution des subventions

En d’autres termes, le manque à gagner est tributaire des doubles fluctuations des cours mondiaux des produits et du prix d’achat du dollar américain, avance le Minee. À cela, il faut ajouter les tensions de trésorerie qui n’ont pas toujours permis de mobiliser à bonne date les ressources financières nécessaires au paiement des manques à gagner, avec pour conséquence des fortes tensions et ruptures observées sur l’approvisionnement du pays en produits pétroliers. « Cette subvention de l’État aux carburants à la pompe est devenue quasiment insoutenable pour le Trésor public. (…) Face à cette situation, il est devenu impératif de réduire significativement ces manques à gagner. C’est dans cette perspective que les prix ont été réajustés », justifie Gaston Eloundou Essomba.

Depuis le 3 février, les prix du super et du gasoil ont été revus à la hausse. Désormais, le litre de super coûte 840 FCFA dans les stations-service par rapport au 730 FCFA auparavant, tandis que le litre de gasoil est aujourd’hui vendu à 828 FCFA, contre 720 FCFA précédemment. En valeur relative, l’augmentation opérée est de l’ordre de 15% par rapport aux prix jusque-là pratiqués, soit 110 FCFA et 108 FCFA respectivement en valeur absolue. Cette hausse intervient après celle opérée en 2023. Le gouvernement précise que cette mesure vise non seulement à garantir au marché national un approvisionnement stable en produits pétroliers, afin de mettre un terme aux pénuries hautement préjudiciables que le Cameroun a connues ces derniers temps et qui tendent à favoriser des spéculations dans divers secteurs, et
particulièrement sur les produits de première nécessité. Mais surtout à réduire la facture des subventions, « dans un contexte international marqué par des tensions inflationnistes dues d’une part, à la crise russo-ukrainienne qui affecte fortement les échanges mondiaux et d’autre part, au récent conflit armé survenu au Proche-Orient entre l’État d’Israël et le Hamas, ainsi que ses ramifications sous-régionales ».

Le premier réajustement opéré l’année dernière a permis de réduire de 640 milliards de FCFA la facture des subventions au carburant en 2023, a annoncé le président Paul Biya dans son discours de fin d’année à la nation le 31 décembre. Le chef de l’État chiffrait ces subventions à plus de 1 000 milliards de FCFA en 2022. « Cependant, cette subvention continue de peser significativement sur le Trésor public. Nous n’aurons très certainement pas d’autre choix que de la réduire de nouveau », a-t-il prévenu. À en croie Louis Paul Motaze, le ministre des Finances (Minfi), l’abandon significatif des subventions des produits pétroliers fait gagner près de 1 000 milliards de FCFA à l’État. « Les économies substantielles réalisées grâce à la diminution, voire la suppression à terme des subventions sur les produits pétroliers, permettront de réorienter ces économies », argue son collègue de la Communication (Mincom), René Emmanuel Sadi. Des ressources que l’État pourrait orienter « pour les investissements dans les secteurs des infrastructures qui sont les plus prioritaires aujourd’hui », selon le Minee.

Patricia Ngo Ngouem

Paru le mercredi, 07 février 2024 14:33

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