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Couverture santé universelle : le ministre Manaouda Malachie peine à convaincre le Gicam

Couverture santé universelle : le ministre Manaouda Malachie peine à convaincre le Gicam

Paru le lundi, 01 mars 2021 15:00

Plus important mouvement des patrons du pays, le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) ne cache pas sa déception de n’avoir pas été associé aux concertations préalables à la mise en place de la Couverture santé universelle (CSU), ce alors qu’il incombe aux entreprises de collecter les contributions sociales et de veiller à leur reversement effectif auprès de la structure dédiée.

Le plaidoyer développé le 26 février 2021 à Douala devant les patrons d’entreprises par le ministre de la Santé (Minsanté), Manaouda Malachie, en faveur de la mise en œuvre de la CSU n’a visiblement pas le Gicam. Ce groupement patronal pointe par ailleurs le coût élevé de la CSU, évalué à 1300 milliards FCFA pour une population de base de 26 millions d’habitants.

Le projet a été mis en route en 2020 sans études économique et financière préalables, mais sur la seule base de l’étude financière réalisée par la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), explique un membre du Comité technique national.

Bien plus, les premiers pas de la CSU ne rassurent pas le Gicam. En effet, un partenariat public-privé a été signé le 27 août 2020 entre le gouvernement et la société Santé universelle Cameroun SA (Sucam), accompagnée de trois partenaires camerounais et coréens : High Tech Telesoft Cameroun SA, GK Engineering et Development et de New Tech Management Cameroon.

Retard à l’allumage

Annoncée par la directrice générale de New Tech Management Cameroon et de la Sucam, Jacqueline Mekongo, à partir de janvier 2021, la matérialisation de la CSU se fait encore attendre. Même si ce retard à l’allumage était prévisible : « L’intégration des populations dans ce système ne se fera pas en un jour. Ce sera progressivement. Car le secteur informel à lui seul représente environ 70 % de l’activité de la nation », prévenait Jacqueline Mekongo en août 2020.

« Il persiste un flou sur le partenariat signé avec cette structure inconnue et ne revendiquant pas d’expérience en la matière », tacle un membre du Gicam. Qui fait observer qu’il revient à ce partenaire d’assurer le financement et l’implantation de l’architecture du système de gestion de l’ensemble du processus, l’affiliation des populations-cibles, etc. pendant 17 ans avant de passer le relais à l’Etat.

Absence du dispositif législatif

Au Minsanté, on rappelle que le président de la République, Paul Biya, lors de l’annonce du projet dans son discours du 31 décembre 2017, était bien conscient des difficultés à venir en parlant de « la mise en place progressive de la CSU ».

Une manière de préparer l’opinion aux atermoiements de la CSU dans le contexte actuel. En effet, les dépenses de santé exercent une pression financière sur les familles, constituent un facteur aggravant de leur vulnérabilité et une menace sur l’espérance de vie, de 58 ans au Cameroun et de plus de 60 ans en Afrique centrale.

La réussite de la mise en œuvre de la CSU nécessite par ailleurs le relèvement de l’enveloppe budgétaire allouée à la santé, qui oscille entre 5 % et 7 % depuis 2011, loin des 15 % du budget national recommandé lors du sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine d’Abuja en 2001.

Dominique Mbassi

Lire aussi : Couverture santé universelle : le Cameroun confie le marché aux Coréens pour 17 ans

Dernière modification le lundi, 01 mars 2021 16:08

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