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Projets routiers : le Gicam dénonce l'hégémonie des multinationales

Projets routiers : le Gicam dénonce l'hégémonie des multinationales

Paru le mardi, 01 décembre 2020 08:54

Dans son mot de bienvenue, lors de la rencontre avec le ministre des Travaux publics (Mintp) sur « l’apport du secteur privé dans le développement et la durabilité des infrastructures routières » le 27 novembre 2020 à Douala, le président du Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam), Célestin Tawamba, note d’emblée que le lancement des grands projets d’infrastructures a propulsé le bâtiment et les travaux publics (BTP) à la tête des secteurs les plus dynamiques de l’économie.

Il précise que ce secteur, porté par les projets du Programme d’urgence triennal pour l’accélération de la croissance (Planut) et ceux du CHAN 2021 et de la CAN 2022, a connu, au cours de la période 2013-2019, une croissance moyenne de 8,1 %, pour une contribution au PIB d’environ 5,4 %.

Mais, regrette le patron de la plus importante organisation patronale du Cameroun, l’un des problèmes majeurs du secteur du BTP réside dans la participation des entreprises à capitaux majoritairement camerounais dans la réalisation des travaux routiers. « Le dispositif réglementaire brille notamment par la faible promotion de la préférence nationale dans les marchés publics d’infrastructures », insiste Célestin Tawamba.

Préférence nationale

Au cours de la même rencontre, le Directeur général de Buns Cameroun, Eric Njong, déplore la faible promotion de la préférence nationale dans la commande publique : « L’on observe un recours, à des proportions très élevées, à l’expertise extérieure dès qu’il s’agit de certains travaux d’envergure ».

Il constate, à la faveur des projets du Planut et de la CAN, la percée « des entreprises à capitaux turcs, italiens, canadiens, américains et même tchadiens ».

Le président du Gicam se veut explicite sur les enjeux d’une promotion des entreprises à capitaux nationaux : « Le secteur du BTP apparait comme une niche par excellence de promotion des champions nationaux, axe majeur du nouveau modèle économique que nous préconisons ».

Une option souhaitable au regard de l’importance des ressources allouées au secteur, qui représentent près de 60 % du budget d’investissement de l’Etat.

D’après les statistiques du Mintp, entre 2011 et 2018, l’Etat a alloué 993 milliards FCFA pour la construction de 1251 km de routes, 166 milliards pour les ponts et 175 milliards pour la réhabilitation/reconstruction de 968 km de routes. La construction en cours de 2915 km de routes et de 2 228 ml de ponts mobilise 2029 milliards FCFA.

Faible performance

Le Mintp Emmanuel Nganou Djoumessi admet que « les investissements massifs dans le secteur des infrastructures routières sont portés par l’Etat et représentent près de 75 % des marchés publics que réalise le secteur privé ».

Sauf que, se désole le Mintp, les entreprises nationales pèchent par leurs propres faibles performances. « La capacité des entreprises du sous-secteur est marquée par de grandes disparités au plan technique, matériel et financier. Les moyens financiers de celles-ci, pour la plupart des PME, ne couvrent pas les fonds de roulement qu’appellent leurs engagements, les moyens humains qualifiés (compétence et expérience) sont insuffisants, ce qui les oblige bien souvent à faire appel à un personnel de circonstance », oppose-t-il.

Même le DG de Buns semble lui-même trouver l’explication à la présence marginale des investisseurs camerounais dans les travaux publics : « Ces dernières années ont été marquées par la montée en puissance des entreprises chinoises portées par les concours que cette puissance accorde au Cameroun pour la réalisation de certains chantiers, notamment à travers sa banque d’export-import Eximbank of China ».

Autant dire que beaucoup de projets sont financés par des partenaires étrangers du Cameroun qui imposent dès lors leurs entreprises pour leur réalisation.

Dominique Mbassi

Dernière modification le mardi, 01 décembre 2020 09:27

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