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Pourparlers avec des leaders sécessionnistes : comprendre l’embarras de Yaoundé

Pourparlers avec des leaders sécessionnistes : comprendre l’embarras de Yaoundé

Paru le mardi, 07 juillet 2020 16:06

« Le gouvernement de la République porte à la connaissance de l’opinion, que l’information diffusée dans les réseaux sociaux, sur la tenue le 2 juillet 2020 de négociations entre une délégation gouvernementale et des sécessionnistes en instance de jugement n’est pas conforme à la réalité ».

En lisant à la hâte ce communiqué publié le 6 juillet par le ministre de la Communication (Mincom), René Emmanuel Sadi (photo), d’aucuns ont conclu à un démenti du gouvernement de négociations avec certains leaders séparatistes.

Mais l’euphémisme utilisé dans le communiqué suggère que tout ce qui se dit n’est pas à jeter à la poubelle. D’ailleurs, dans le document, le Mincom précise que le gouvernement, toujours disposé « à rechercher des solutions pacifiques à la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest », est « par conséquent ouvert aux différents contacts, initiatives et propositions allant dans ce sens ».

En réalité, ce communiqué tout en nuance traduit un embarras du gouvernement. « Il ne nie pas que des contacts ont été noués avec certains prisonniers anglophones ou que les deux parties se sont rencontrées le 16 avril et le 2 juillet comme annoncé par Sisiku Ayuk Tabe », analyse un observateur avisé de la scène politique ayant requis l’anonymat.

Embarras du gouvernement

Cette source ajoute que l’embarras tiendrait surtout de ce que les leaders ambazoniens lui ont coupé l’herbe sous les pieds en rendant publique l’initiative, que le gouvernement aurait souhaité tenir encore secrète. À en croire nos informations, cette discrétion souhaitée se justifierait notamment par le fait qu’il s’agit pour l’instant de contacts préliminaires. Par ailleurs, souffle une autre source, les autorités souhaitent se donner le temps d’examiner les conditions posées par la délégation des sécessionnistes.

En effet, le président autoproclamé de la République imaginaire d’Ambazonie, Sisiku Ayuk Tabe, conditionne l’ouverture des négociations à la démilitarisation complète du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Une exigence à laquelle le gouvernement pourra difficilement céder, au regard des risques d’occupation de la zone par les différents groupes armés qui l’écument.

Le leader sécessionniste pose aussi comme préalable la libération inconditionnelle de tous les prisonniers détenus dans le cadre des velléités séparatistes, l’amnistie générale de tous les Ambazoniens du monde entier et la garantie qu’ils peuvent rentrer chez eux sans craindre le harcèlement des forces de défense et les négociations inclusives en présence d’un tiers dans un pays neutre.

Dominique Mbassi

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