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Le nouveau programme avec le FMI va contrarier le développement du Cameroun, d’après un think tank gouvernemental

Le nouveau programme avec le FMI va contrarier le développement du Cameroun, d’après un think tank gouvernemental

Paru le mercredi, 23 juin 2021 09:13

L’entrée prochaine du Cameroun sous-programme avec le Fonds monétaire international (FMI) entre en contradiction et hypothèque les objectifs de la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30). C’est la quintessence de la note de politique économique publiée le 21 juin 2021 par le Centre d’analyse et de recherche sur les politiques économiques et sociales (Camercap-Parc), un think tank apparenté au ministère de l’Économie de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat).

« À peine lancée, la SND30, sans avoir fait ses premiers pas, se retrouve en concurrence déloyale avec un nouveau programme économique et financier », souligne cette note intitulée « Stratégie nationale de développement 2030 et nouveau programme économique triennal 2021-2024 ».

« En effet, aux dernières nouvelles officielles, après des semaines de négociations par les plénipotentiaires du gouvernement camerounais, le conseil d’administration du FMI devrait se prononcer ce mois de juillet (le 21, selon le ministre des Finances) pour approuver un énième programme économique et financier pour le Cameroun. En langage simple, le pays rentre à nouveau dans un programme d’ajustement structurel », précise le Camercap-Parc, dirigé par le statisticien Barnabé Okouda (photo).

Mobilisation colossale des ressources

Seulement, insiste le think tank, les enjeux et les défis de la SND30, la nouvelle boussole de l’action de l’État, sont hautement cruciaux sur le plan budgétaire. Déjà, la non atteinte des résultats du Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE) a imposé des marges de manœuvre étroites au gouvernement. En plus, l’achèvement et l’opérationnalisation des grands projets engagés de la décennie 2010-2020 exigent une mobilisation importante des ressources budgétaires.

Bien plus, les nouveaux engagements de la SND30 pour la transformation structurelle de l’économie, notamment à travers la mise en œuvre du Plan directeur d’industrialisation actualisé en 2021, requièrent des ressources budgétaires colossales. Pour le Camercap-Parc, la combinaison de ces deux orientations recommande donc une politique budgétaire plus ambitieuse et innovante, associée à une stratégie d’endettement souple et ajustable en quasi-temps réel.

Le gouvernement sans coudées franches

Bien sûr, le nouveau programme économique avec le FMI et les autres partenaires techniques et financiers est censé s’appuyer sur la SDN30. Mais, alerte le think tank, il impose fatalement une obligation de consolidation budgétaire, de surveillance rapprochée et doublée d’une extrême prudence sur le plan budgétaire.

Autant dire que cette exigence annihile le volontarisme et laisse le gouvernement sans coudées franches. Car, le FMI précise bien que « le programme limitera les emprunts non concessionnels aux projets qui sont essentiels ». Ce qui, dans l’entendement du Camercap-Parc, veut simplement dire qu’il faudra désormais choisir parmi les priorités de la SND30 celles qui sont compatibles avec le programme du FMI.

Cette analyse du Camercap-Parc conforte l’avis de l’expert économiste Samuel Ndok Bakemhè. Dans une interview publiée dans Repères du 14 juin 2021, il indique : « C’est désormais le FMI qui dirige le plan de remboursement. Et l’accord conclu avec l’État lui donne un droit de regard sur le budget. »

Selon lui, chaque fois qu’un pays emprunte et qu’il n’est plus capable de payer, le bailleur de fonds, qu’il soit bilatéral ou multilatéral, fait appel au FMI pour qu’il vienne voir comment le pays débiteur peut faire pour rembourser sa dette. C’est à ce moment qu’on parle de plan d’ajustement.

Dominique Mbassi

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