Réunis en assemblée générale extraordinaire (AGE) ce 11 juillet à Douala, les adhérents du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) ont voté pour la mise en œuvre du traité de fusion paraphé le 5 avril dernier entre leur organisation et Entreprises du Cameroun (Ecam). Au décompte final, le camp du « oui » enregistre un score de 73,7% contre 25,3 % pour les adversaires de cette fusion. Ce vote signifie que l’AGE marque son accord pour dissolution du Gicam dans la perspective de fusionner avec Ecam pour donner naissance à une nouvelle organisation patronale. Il faut maintenant que les membres de Ecam se prononcent aussi pour savoir la suite à donner au processus.
Pour le président sortant du Gicam, Célestin Tawamba, c’est forcément une victoire. C’est lui qui a initié cette fusion qu’il s’est évertué de défendre auprès des patrons depuis la signature du traité. À quelques jours de la tenue de cette assemblée générale extraordinaire, il a multiplié les messages aux patrons. Certains de ses proches avouent même qu’il a mené une campagne de porte-à-porte auprès des adhérents.
Mais cette victoire n’est pas encore complète. En effet, des procédures contre la fusion restent pendantes en justice. Afin de faire échec à ce projet, un groupe de quatre membres du Gicam, avec pour chef de file Emmanuel Wafo, président de la commission économique et du développement des entreprises du Gicam, auquel une certaine opinion prête l’ambition de vouloir briguer la présidence de cette organisation patronale, a engagé une bataille auprès des tribunaux de Douala. Au moins quatre procédures judiciaires ont été ainsi engagées à partir du mois de juin 2023, dont l’une au tribunal de première instance de Douala-Bonanjo, visant à suspendre l’assemblée générale du Gicam de ce 11 juillet 2023. Mais, l’audience en référé d’heure en heure du 10 juillet 2023 a finalement débouché sur un renvoi, ouvrant ainsi la voie à la tenue de l’AG qui a finalement adoubé la fusion Gicam-Ecam.
Épée de Damoclès
Le même tribunal s’est déclaré incompétent le 10 juillet 2023 sur la requête des contestataires à la fusion, de remplacer le commissaire à la fusion désigné en mai 2023 pour évaluer le patrimoine du Gicam dans la perspective de la fusion. « Nous nous déclarons incompétents à statuer au risque de préjudicier au fond », a motivé le juge, laissant ainsi libre cours à une procédure similaire en cours auprès du Tribunal de grande instance (TGI) du Wouri cette fois-ci. Pourtant, avait expliqué l’un des conseils des contestataires, Me Zibi Ndzinga, « cette procédure vise à mettre à nu les fraudes qui entachent la sincérité des rapports déposés (par ce commissaire à la fusion, notamment sur le patrimoine du Gicam, NDLR), et qui doivent servir de base pour les travaux de l’assemblée générale extraordinaire du 11 juillet 2023 ».
Deux autres procédures initiées cette fois-ci au TGI pour contrer la fusion Gicam-Ecam ont également été appelées le 10 juillet 2023, avant d’être toutes les deux renvoyées au 14 août prochain. Il s’agit de la procédure en annulation du traité de fusion signé le 5 avril 2023, et de celle visant à obtenir du tribunal une décision interdisant à messieurs Célestin Tawamba et Protais Ayangma de poser des actes en exécution du traité de fusion. Tels sont autant d’Épées de Damoclès qui continuent de pendre au-dessus de la fusion Gicam-Ecam, malgré le vote massif des adhérents de ce 11 juillet 2023.
« Je voudrais vous assurer de ce que notre action ne s’arrêtera pas à l’Agde mardi prochain (11 juillet 2023, NDLR). Quelle qu’en soit l’issue, nous allons continuer le combat qui vise à conforter la position du Gicam sur l’échiquier patronal mondial. Car, en effet, la démocratie associative puise toute sa richesse dans la diversité d’opinions et le respect des règles », a d’ailleurs prévenu Emmanuel Wafo au cours d’un récent point de presse à Douala.
Michel Ange Nga et Brice R. Mbodiam
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