De l’aveu du Premier ministre, Joseph Dion Ngute, « en 2017, le nombre d’inscriptions dans les écoles de la région du Nord-Ouest était de 220 000 ». En 2022, ces inscriptions sont de 60 462, soit une chute de 72 % due au conflit entre l’armée et les groupuscules armés d’inspiration séparatiste. En révélant ces chiffres le 4 août dernier lors de la 4e session du comité de suivi de la mise en œuvre des recommandations du Grand dialogue national, le Premier ministre a indiqué qu’« il s’agit d’un progrès remarquable et énorme ». C’est que, comparé aux statistiques de la période 2017 - 2019, le nombre d’inscrits dans les écoles connaît une tendance haussière. « Ce chiffre a chuté à 45 000 en 2018 et à 24 350 en 2019 », détaille le PM. « La région du Sud-Ouest connaît le même essor », se félicite Dion Ngute sans révéler les chiffres.
De manière globale, le PM fait savoir que dans les régions du Nord-Ouest du Sud-Ouest, les inscriptions dans les écoles sont passées de 185 008, pour l’année scolaire 2018/2019, à 194 482 pour l’année qui vient de s’achever. De 2019 à 2020, elles étaient de 123 909.
Dans les établissements d’enseignements secondaires, l’on note également une légère embellie par rapport à l’année 2017 lorsque le conflit se déclenche. D’après le chef du gouvernement, les inscriptions se chiffraient à 42 992 au cours de l’année scolaire 2018/2019. « L’année académique 2019/2020, a en effet été extrêmement difficile et mauvaise », regrette le PM qui révèle que les inscriptions étaient de 54 834. Pour l’année qui vient de s’achever, les inscriptions se sont établies à 91 797.
« En résumé, de nombreuses institutions académiques ont rouvert leurs portes. Les écoles des villes principales et de nombreuses banlieues sont opérationnelles. Cette année l’examen GCE s’est déroulé dans la sérénité », a constaté le PM, pour qui « la situation change radicalement et positivement chaque jour ».
Ludovic Amara
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Le projet de création du Pacte social pour la gouvernance (PSG) est porté par Emmanuel Kueka (photo). Cet ancien militant du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) assure que les statuts et le programme de ce parti politique en gestation sont en train d’être écrits. Le dossier n’a donc pour l’instant pas encore été déposé auprès des autorités pour la légalisation.
« On ne veut rien faire dans la précipitation parce que c’est un projet sérieux. On prend le temps de bien faire », fait savoir Emmanuel Kueka, qui va sans doute prendre la présidence du PSG. Il ajoute que malgré cela, plusieurs personnes cognent déjà à la porte de cette nouvelle formation politique.
Il y a pourtant quelques mois, ce projet politique n’était pas d’actualité. Emmanuel Kueka était préoccupé par le processus de renouvellement des organes de base du MRC. Il conduisait une liste avec pour ambition de prendre la tête de la fédération régionale du parti de l’opposant Maurice Kamto à l’Ouest. Si tout s’est passé sans anicroche partout sur le territoire camerounais et même dans les fédérations du MRC à l’étranger, ces élections internes ont par contre viré en une guerre intestine dans la région de l’Ouest justement.
Tout a commencé quand plusieurs candidats ont été éliminés du processus électoral, notamment parce que leurs cartes de militants n’étaient pas répertoriées. À Yaoundé, le Directoire adoube ces décisions, si on en croit un de ses membres. Sauf que plusieurs candidats « abusivement déchus » ne comptent pas en rester là. Ils montent au créneau en créant un collectif « pour dénoncer la démarche non objective de la commission électorale à l’Ouest ». Emmanuel Kueka fait partie de ces protestataires. Il est même désigné comme le porte-parole du collectif, qui va saisir le juge de référé pour se faire entendre.
Mais le 2 août dernier, il va faire l’objet d’une procédure disciplinaire quand le Comité national de médiation et d’arbitrage (CNMA) du MRC décide de l’exclure définitivement du parti. « Je n’ai pas encore été notifié, mais j’entends dire que j’ai été exclu du parti », avait commenté Emmanuel Kueka.
Désormais, « Le MRC c’est le passé », fait-il savoir en indiquant qu’il est aujourd’hui occupé à travailler pour la naissance du PSG. Le parti compte recruter plusieurs déçus dans les rangs du MRC à l'Ouest. Emmanuel Kueka précise qu’il ne s’agit pas d’un regroupement des transfuges du MRC parce que le PSG nourrit l’ambition de regrouper tous les Camerounais.
Michel Ange Nga
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Trois exposés de ministres sont prévus au cours de la première conférence semestrielle des gouverneurs de région qui se tient du 8 au 9 août à Yaoundé. Le premier exposé sera délivré conjointement par le secrétaire d’État auprès du ministre de la Défense chargé de la gendarmerie et le délégué général à la Sûreté nationale. Les deux membres du gouvernement vont développer sur « l’évaluation de la situation sécuritaire du pays ». La gendarmerie et la police nationale sont en effet engagées sur le front de la grande criminalité, mais aussi dans les conflits dans l’Extrême-Nord, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest et ces forces de défense et de sécurité sont placées sous l’autorité des gouverneurs dans les régions.
Les dix gouverneurs vont également écouter le ministre du Commerce élaborer sur « les mesures prises ou envisagées en vue de lutter contre l’inflation ». Le pays subit de plein fouet l’augmentation des prix des denrées et des services, ceci à cause des différentes crises qui secouent le monde. Pour lutter contre l’inflation, le ministre du Commerce a souvent interpellé les gouverneurs afin que ceux-ci limitent l’exportation de produits de première nécessité essentiels pour la consommation locale.
En fin, le ministre de la Santé publique va édifier les gouverneurs sur « la mise en œuvre du plan national multisectoriel de lutte contre les faux médicaments et le trafic illicite des produits pharmaceutiques ».
Plus tard, chacun des gouverneurs va exposer sur la situation dans sa région et proposer des solutions, ou encore poser des doléances. La conférence semestrielle des gouverneurs est présidée par le ministre de l’Administration territoriale.
L.A.
L’arrivée de Jean-Luc Mélenchon (photo) au Cameroun à la fin de cette année est une éventualité. Le leader de La France insoumise (LFI) a été invité à prendre part au Congrès national du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN). Mais pour l’instant, l’opposant français n’a pas encore répondu à l’invitation du député Cabral Libii, le président national du PCRN.
C’est l’équipe de communication de François Biba, un autre député du PCRN, qui s’est chargée de faire cette annonce. Et ce n’est pas pour rien. Car l’invitation du président du PCRN a été portée par François Biba lui-même. Il effectue en ce moment une tournée parlementaire en France. En début de semaine, il a rencontré Éric Coquerel, député LFI de la première circonscription de Seine-Saint-Denis. Les deux hommes ont longuement discuté d’un possible rapprochement idéologique entre leurs deux familles politiques. C’est pendant cette discussion que François Biba a fait savoir à son hôte que Cabral Libii souhaite compter Jean-Luc Mélenchon parmi les invités de marque du Congrès national du PCRN en préparation.
Depuis cette annonce, quelques militants du PCRN n’ont pas manqué d’interroger ce rapprochement en gestation. Surtout que ce dossier n’a pas fait l’objet d’une large concertation, si on en croit un proche conseiller de Cabral Libii, joint au téléphone par SBBC. Il ne voit toutefois pas de problème : « L’honorable Biba est membre du bureau politique du PCRN. Il est dans son rôle. En plus, il n’a pas pu faire cette communication sans en discuter au préalable avec le président Cabral Libii ».
François Biba est justement très impliqué dans ce dossier. Répondant à l’appréhension d’un internaute sur sa page Facebook, il a fait savoir que le parti de Jean-Luc Mélenchon a le souci de l’humain comme au PCRN : « LFI a des aspects dans son projet de société qui mettent l’humain au centre de toute préoccupation. On ne pourrait ni le négliger ni l’ignorer ».
Michel Ange Nga
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De source diplomatique, Sergueï Lavrov (photo), le ministre russe des Affaires étrangères, doit effectuer une visite officielle au Cameroun. Mais pour l’instant, aucune date n’a encore été arrêtée. Et rien ne dit que le Cameroun fait partie de la tournée africaine que Sergueï Lavrov a entamée le 24 juillet dernier au Congo Brazzaville.
À en croire notre source, Yaoundé et Moscou travaillent discrètement sur cette visite. Qui s’inscrit dans le renforcement des liens diplomatiques entre ces deux capitales. Surtout qu’il n’est plus exagéré de dire que la Russie courtise le Cameroun, première puissance économique de l’Afrique centrale. En avril dernier, les deux pays se sont empressés de renouveler leur accord de coopération militaire qui avait expiré.
On apprend aussi que l’arrivée du diplomate russe à Yaoundé était préalablement prévue en 2020, si on en croit notre source. Mais cette visite a malheureusement été reportée à cause de la pandémie de la Covid-19. En réalité, c’est l’agenda de Sergueï Lavrov sur le continent qui a été gelé, le temps de la crise du coronavirus. Ce qui laisse penser que la tournée que le ministre russe des Affaires étrangères a entreprise ce mois n’est rien d’autre que la réactualisation de son programme de 2020.
En ce moment, Moscou ne cache pas son ambition de renforcer sa présence en Afrique. En octobre 2019, le président russe Vladimir Poutine a rassemblé plusieurs chefs d’État africains dans la ville balnéaire de Sotchi pour le tout premier sommet Russie-Afrique. Au sortir de ce sommet, Moscou et les capitales africaines ont arrêté « des décisions stratégiques » que Sergueï Lavrov se charge de décrypter.
« Notre pays n’impose rien à personne, ne cherche pas à donner des leçons aux autres. Nous respectons profondément la souveraineté des États de l’Afrique, leur droit inaliénable de déterminer leurs propres voies de développement. Nous soutenons fermement le principe “solution africaine aux problèmes africains” », déclarait le ministre Lavrov dans une tribune libre publiée la semaine dernière.
Michel Ange Nga
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Sylyac Marie Mvogo (photo) tient à le faire savoir dans un communiqué rendu public le 19 juillet dernier : il n’a signé aucun document tendant à reconnaître « une association éminemment politique dénommée le Rassemblement républicain des frankistes du Cameroun » dont le siège serait à Ebolowa. Le préfet du département de la Mvila indique que ledit document, devenu viral il y a quelques jours, n'est pas « manifestement non authentique » et ajoute qu’il n’émane pas de ses services et ne se trouve d’ailleurs pas dans les archives de ses services.
Il y a quelques jours en effet, un récépissé de déclaration d’association qui apparaît signé par le préfet Mvogo le 17 décembre 2021 a été exhumé. Dans ce document, l’autorité administrative reconnaît l’existence de l’association Rassemblement républicain des frankistes du Cameroun (RRFC) dont l’objet est de « promouvoir le changement dans la paix et l’unité en passant par l’éducation citoyenne, d’élaborer des projets positifs et surtout impulser le principe du vivre ensemble ».
Le RRFC ne le dit pas clairement, mais à l’observation, l’association se situe dans le sillage des mouvements de soutien à Frank Biya, fils du chef de l’État, Paul Biya, afin qu’il succède à son père dès 2025. Des mouvements qui ont commencé à foisonner en 2021.
Cependant, le démenti du préfet intervient après un revirement des autorités qui jusque-là laissaient faire ces activistes. À la faveur de la visite du président français Emmanuel Macron à Yaoundé en début de semaine, plusieurs affiches à la gloire de Franck Biya ont été retirées dans la capitale. Des activistes présents à l’aéroport pour accueillir le locataire de l’Élysée ont été sommés de plier leurs pancartes.
Dans ce qui apparaît comme une rétractation du préfet, celui-ci rappelle que c’est le ministère de l’Administration territoriale qui reconnaît les associations politiques.
L.A.
Christophe Guilhou, l’actuel ambassadeur de la France au Cameroun, arrive en fin de mission au mois d’octobre prochain. Le général de corps d’armée Thierry Marchand (photo) est en pole position pour le remplacer. C’est en tout cas la préférence du Quai d’Orsay, selon un diplomate camerounais en poste à Yaoundé. Ce dernier ajoute qu’il faut encore attendre que l’État du Cameroun valide ce choix comme le prévoit la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques.
Selon l’article 4 de ce texte, « L’État accréditant doit s’assurer que la personne qu’il envisage d’accréditer comme chef de la mission auprès de l’État accréditaire a reçu l’agrément de cet État ». Pour l’instant, notre source confirme que le Cameroun n’a pas encore approuvé la nomination du général Marchand à Yaoundé. Cette décision appartient au chef de l’exécutif. Et c’est une décision discrétionnaire. La Convention de Vienne précise d’ailleurs que « L’État accréditaire n’est pas tenu de donner à l’État accréditant les raisons d’un refus d’agrément ».
En attendant la décision du Cameroun, il est déjà évident que le profil de ce haut gradé de l’armée française ne rassure pas les diplomates camerounais. Surtout parce que le général Thierry Marchand connait bien les pays où la sécurité est fragile, voire même des pays en guerre. Notre interlocuteur n’hésite pas à dire que le profil de ce général est celui d’un « homme de guerre ».
Il a été formé à l’école militaire de Saint-Cyr. Il est passé par la Légion étrangère. Il a déjà servi dans des pays difficiles comme la Somalie et la République centrafricaine (RCA). Actuellement, il est à la tête de la direction de la coopération de sécurité et de défense du Quai d’Orsay.
Toutefois, ce n’est pas la première fois que la France pense à un militaire pour s’occuper de sa mission diplomatique au Cameroun. Gilles Thibault, ambassadeur de la France au Cameroun de 2016 à 2019, était un colonel de l’armée française.
Michel Ange Nga
Malgré l’adoption d’une loi portant promotion des langues officielles au Cameroun, « la pratique du bilinguisme n’est pas encore ancrée dans toutes les composantes de notre vie nationale ». C’est le constat fait par la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme (Cnpbm) dans sa dernière publication trimestrielle.
La commission dirigée par l’ancien Premier ministre, Peter Mafany Musonge, reconnait que le défi à relever est encore grand, cependant il affiche son optimisme. « La Commission consacrera bien évidemment beaucoup de temps à la promotion du multiculturalisme ». La Commission Musonge n’a pourtant pas chômé depuis sa création en 2017 par le président de la République. Quatre missions d’évaluation de la pratique du bilinguisme sont descendues dans tous les départements ministériels, dans les entités publiques basées à Yaoundé et dans les entreprises privées opérant à Douala. La Cnpbm a aussi organisé une mission d’écoute à Buea, Bamenda, Garoua, et Maroua.
Le même sentiment de succès mitigé est posé sur la lutte contre les discours haineux dans laquelle la commission s’est engagée depuis deux ans. « Le discours de haine et la xénophobie sont toujours présents dans notre pays, bien que le Code pénal ait été révisé pour en punir les auteurs », indique Peter Mafany Musonge. En dépit de l’arsenal légal et des organismes publics engagés pour lutter contre ce phénomène, la Cnpbm constate que « la gangrène est encore profonde et nécessite des palliatifs plus puissants afin d’éviter sa propagation dans la société ».
La Cnpbm a été créée comme réponse à la crise anglophone naissante dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Composée de 15 membres, elle a, entre autres missions, la promotion de l’utilisation des deux langues officielles le français et l’anglais, mais également la promotion du multiculturalisme et du vivre-ensemble.
L.A.
Le ministère de la Jeunesse et de l’Éducation civique (Minjec) a invité les jeunes à « se rapprocher des différentes structures de son département ministériel afin de s’informer sur les opportunités et les mécanismes d’insertion socioéconomique en cours d’exécution ». Dans un communiqué publié le 25 juillet dernier, le ministre Mounouna Foutsou (photo) rappelle « les risques liés aux aventures incertaines et sans lendemain de l’émigration irrégulière à travers le désert, la méditerranée et tout autre moyen semblable ».
Ce rappel du Minjec intervient après le drame de Medilla, dans l’enclave espagnole du Maroc. Le 24 juin en effet, 37 migrants illégaux ont trouvé la mort dans cette enclave en essayant de passer du côté espagnol.
Le gouvernement a en effet mis en place le Programme d’aide au retour et à l’insertion des jeunes de la diaspora (Pari-Jedi) pour endiguer le phénomène d’émigration. D’après Anselme Epoko Epoko, coordonnateur national du Programme contacté par SBBC, le Pari-Jedi a permis à date d’accompagner près de 6 000 jeunes dans leur processus d’insertion socioéconomique à travers des appuis financiers et non financiers. Ceci, avec le concours de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII).
« Grâce au partenariat avec les organisations de la société civile en occurrence The Africa Network of Germany (TANG) nous avons mené plusieurs campagnes de sensibilisation contre les migrations irrégulières dans certaines grandes villes du pays », renseigne ce responsable. Lesdites campagnes menées à travers les marchés, les écoles, les universités et grandes écoles, mosquées et églises auraient permis de sensibiliser plus de trois millions de Camerounais contre l’émigration clandestine. « Nous pouvons affirmer que ces campagnes ont permis de freiner l’ardeur des personnes dont la propension à la migration irrégulière était élevée », estime le coordonnateur du Pari-Jedi.
L.A.
Tout au long de la conférence de presse organisée pendant la visite officielle qu’effectuait Emmanuel Macron cette semaine au Cameroun, il a été abondamment question de la Russie. Tout a commencé par une allusion : « Nous avons également évoqué la situation de plusieurs pays de la région notamment la République centrafricaine et notre préoccupation commune à l’égard des ingérences qui s’y font jour », a indiqué le président français. Il faut dire que c’est ainsi que la France perçoit la présence russe dans ce pays.
Par la suite, Emmanuel Macron a été plus explicite, accusant nommément la Russie d’avoir aggravé, par la guerre qu’elle a lancée en Ukraine, la hausse des cours de matières premières, les difficultés d’approvisionnement et l’inflation qui frappent à la fois la France et le Cameroun.
« En Ukraine vous avez un pays souverain, dont la souveraineté et l’intégrité territoriale ont été violées par une agression unilatérale d’un pays voisin, la Russie (…) Je ne vois pas sur le sol africain des pays qui soient dans une situation comparable », a indiqué Emmanuel Macron, qui récuse l’accusation du deux poids deux mesures dans le soutien de l’Union européenne entre l’Ukraine et l’Afrique qu’indexe une parte de l’opinion africaine.
Le président français a aussi profité de cette conférence de presse pour décrier ce qu’il appelle « la présence hybride de la Russie en Afrique ». Pour Emmanuel Macron, cette présence, qui existe parallèlement à la diplomatie normale de Moscou sur le continent, a pour instrument la propagande « des officines » comme Russia Today et la milice Wagner.
Hypocrisie
« Cette présence russe hybride, qui passe par la désinformation, par les milices, par de nouvelles formes de coopération et de complicité avec des pouvoirs politiques affaiblis, voire complètement illégitimes quand ce sont des juntes militaires, est une préoccupation », a fait savoir le locataire de l’Élysée.
Des analyses à chaux laissent penser que la Russie s’est aussi invitée au menu du tête-à-tête entre Emmanuel Macron et Paul Biya. Difficile à vérifier. Toutefois, le président français est convaincu que Moscou exerce des pressions diplomatiques sur les capitales africaines qui, pour la plupart, se gardent pour l’instant de condamner l’offensive russe en Ukraine dans les instances internationales.
C’est le cas de Yaoundé qui a d’ailleurs renouvelé, en avril dernier, son accord de coopération militaire avec la Russie. Cette situation horripile Emmanuel Macron qui a d’ailleurs accusé les Africains de faire preuve d’hypocrisie sur la guerre en Ukraine. Sur le continent on reprocher la même chose aux Européens aux sujets des agressions de l’Irak ou de la Lybie…
Hasard du calendrier peut-être, ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est lui aussi en visite en Afrique au même moment que le président français. Il était au Congo pour une durée de 48 heures quand Emmanuel Macron arrivait au Cameroun. Un hasard qui en dit long.
M.A.N.
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En visite officielle au Cameroun, le président français n’a pas reconnu les atrocités commises sur des Camerounais par l’armée française pendant la lutte pour l’indépendance du Cameroun. Interpelé sur la question par le journaliste camerounais Gorges Alain Boyomo, Emmanuel Macron (photo) a plutôt annoncé la mise en place d’une commission composée d’historiens français et camerounais pour faire la lumière sur « ce passé commun ».
« Je prends l’engagement d’ouvrir nos archives en totalité à un groupe d’historiens conjoints qui nous permettront d’éclairer ce passé : l’implication de la France et le rôle des autorités camerounaises de l’époque avant et après l’indépendance », a déclaré Emmanuel Macron pendant la conférence de presse qui a suivi son tête-à-tête avec Paul Biya ce 26 juillet 2022.
Le président de l’ancienne puissance colonisatrice reconnait pourtant que « des historiens se sont penchés sur ce passé ». Ces derniers ne font pas mystère des exactions et des tueries de l’armée française sur les responsables et les militants de l’Union des populations du Cameroun, qui revendiquaient l’indépendance du pays. Comme s’il en doutait, Emmanuel Macron souhaite que la commission identifie les différentes responsabilités pendant cette période trouble.
Quoi qu’il en soit, les responsables de l’Alliance patriotique, qui militent pour que « le contentieux historique » entre la France et le Cameroun soit reconnu, se réjouissent déjà de cette annonce d’Emmanuel Macron. « Les archives doivent être ouvertes pour documenter chaque mauvais coup que la France a fait au Cameroun. On n’invente rien. Ce travail a déjà été fait en Algérie et au Rwanda », fait savoir Dikoumé Mbonjo, le deuxième vice-président de cette organisation très proche de l’UPC.
En attendant la publication de la liste des historiens qui seront chargés par Paris et Yaoundé de mener ce travail, Emmanuel Macron a fait savoir qu’il faut que la commission travaille sur la base d’un calendrier approprié. Et pour terminer, il souhaite que quelques artistes soient associés à ce travail de mémoire.
En visite officielle au Cameroun en juillet 2015, l’ancien président français avait promis de déclassifier les archives de la France pour mieux faire la lumière sur cette période. « Nous sommes, comme je l’ai fait partout, ouverts pour que les livres d’histoire puissent être ouverts, les archives aussi », avait indiqué François Hollande.
Après cette promesse, il a fallu quatre années au ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères pour achever le travail d’inventaire, de classement et de déclassification des archives. Ils sont en lecture libre depuis 2019, selon le Quai d’Orsay. Ce qui fait dire à certains que le président Macron a tout simplement enfoncé une porte ouverte.
Michel Ange Nga
Au cours de la conférence de presse qui a suivi la rencontre entre le président Paul Biya et son homologue français Emmanuel Macron en visite officielle au Cameroun, le chef de l’État camerounais s’est prononcé sur son avenir à la tête de l’État.
Répondant à la question sur sa candidature à l’élection présidentielle prévue en 2025, le chef de l’État camerounais a déclaré : « Quand ce mandat arrivera à expiration, vous serez informés sur le point de savoir si je reste ou si je m’en vais au village ». Avant cela, le président Paul Biya a souligné que son mandat de 7 ans est encore en cours. Il lui reste encore trois ans.
Cette précision du chef de l’État intervient alors que le débat sur sa succession ne faiblit pas au sein de l’opinion. Certains analystes voient des batailles pour lui succéder dans les couacs qui émaillent la gestion des affaires publiques.
De plus, plusieurs personnes réunies au sein des mouvements des Franckistes ou Fébistes poussent pour que son fils Franck Biya lui succède en 2025. Ils ont d’ailleurs déployé des banderoles dans les artères de ville de Yaoundé à l’occasion de la visite d’Emmanuel Macron. Pour l’instant, Franck Biya n’a pas répondu à cet appel.
En rappel, le président Paul Biya a été réélu en octobre 2018 avec 71% des voix pour un 7e mandat consécutif. Huit autres candidats étaient en lice.
L.A.
Les responsables du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) se félicitent d’être le premier parti politique du Cameroun à passer au vote par voie électronique. Le parti de Maurice Kamto est actuellement lancé dans un vaste processus de renouvellement des responsables de ses organes de base au Cameroun et à l’étranger.
C’est dans la région de l’Ouest que le MRC a expérimenté pour la première fois son logiciel de vote. Les responsables de 33 des 40 fédérations communales, que compte le MRC dans cette région, ont été élus par voie électronique, comme l’atteste Roger Justin Noah, le secrétaire général adjoint du MRC.
Il confirme que ce test a été concluant. Dimanche prochain, les élections des responsables départementaux et régionaux à l’Ouest vont aussi se faire par voie électronique. « On procède région après région », précise Roger Justin Noah.
Après l’Ouest, ça va être au tour du Littoral II. Dans le découpage politique du MRC, cette région correspond au département du Moungo (Nkonsamba). D’autres régions sont programmées. Les militants en Europe vont également voter par voie électronique pour choisir leurs nouveaux responsables la semaine prochaine. Pendant la convention de 2023 pendant laquelle le président national sera élu, le vote sera aussi électronique.
« Nous montrons la voie au gouvernement pour qu’il adopte à son tour le vote électronique au niveau national. Ce n’est pas une question d’argent, mais une question de volonté », déclare Roger Justin Noah.
Pour développer ce logiciel de vote, le MRC a utilisé sa propre ressource humaine. Pour ce qui est du coût, le parti avoue qu’il a dépensé moins de 2 millions de FCFA. Les responsables reconnaissent toutefois que ce logiciel n’est pas assez développé. Il a été monté à la dimension du parti.
Michel Ange Nga
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Réunis en conclave samedi 23 juillet dernier à Yaoundé, les membres du National Executive Committee (NEC), le bureau politique du Social Democratic Front (SDF), ont décidé de contrôler les prises de paroles publiques des militants de ce parti de l’opposition. L’une des résolutions de cette réunion arrête que si la liberté d’expression doit être respectée, elle ne doit pas être interprétée « comme une liberté de déformer les positions du parti et surtout d’attaquer ou de porter atteinte à la réputation et à l’image du parti par l’un de ses membres ».
Désormais, pour qu’un militant du SDF s’exprime publiquement sur le parti, il doit requérir au préalable un mandat, soit du secrétaire général, ou alors du secrétaire national à la communication, ou encore du ministre du Shadow Cabinet chargé de l’information et des médias. « Le non-respect de cette instruction exposera les contrevenants à de graves sanctions disciplinaires », avertit le NEC. Une liste des communicants officiels du parti sera dressée par les instances sus-citées.
À la suite de cette résolution, Xavier Beleme Anang, secrétaire régional à la communication du SDF pour le Littoral s’est insurgé contre ce qu’il appelle « une hyper concentration anti-statutaire des pouvoirs doublée d’une tentative de musèlement de l’expression des communicants du parti dans le Littoral ». Pour lui, cette résolution est un « dangereux précédent stalinien dans l’histoire du SDF quand on sait que le parti a toujours prôné une gouvernance interne de type fédéral ». Et de fait, il invite ses camarades militants à « continuer à souscrire aux invitations des médias pour davantage faire rayonner l’image du parti ».
Ce responsable a été suivi dans sa bravade par Emmanuel Ntonga, président régional du SDF pour la région du Centre. Tout comme dans le Littoral, les militants du Centre sont invités « à poursuivre sereinement cette noble œuvre sans crainte ni pression ».
D’après certains militants du SDF, cette mesure du NEC vise d’une part à limiter l’exposition des divisions en cours au sein du parti. Et d’autre part, à museler la tendance acquise à Jean Michel Nintcheu, député et président régional du Littoral, contre Joshua Osih, lui aussi député et premier vice-président du parti. Les deux hommes sont des prétendants à la succession du Chairman Ni John Fru Ndi qui a décidé en 2021 de ne plus diriger le SDF. Un congrès électif est prévu en février 2023.
L.A.
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