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Sécurité : financé par la SNH, le Bir a dépensé plus de 109 milliards de FCFA en 2017

Sécurité : financé par la SNH, le Bir a dépensé plus de 109 milliards de FCFA en 2017

Paru le lundi, 01 février 2021 08:54

Une information nichée dans le rapport ITIE (Initiative pour la transparence dans les industries extractives) 2017, publié en début d’année dernière, donne une idée des dépenses annuelles du Bataillon d’intervention rapide (Bir). On y apprend que cette unité d’élite de l’armée camerounaise, qui compte près de 5000 hommes, a bénéficié des « interventions directes » de la Société nationale des hydrocarbures (SNH) d’un montant de 109,1 milliards de FCFA en 2017.  

Encore appelées « transferts indirects », les « interventions directes » de la SNH sont des paiements de dépenses de certaines structures effectués directement par cette société pétrolière publique (avec l’argent du pétrole vendu pour le compte de l’État), à la demande de la présidence de la République. La pratique est dénoncée depuis plusieurs décennies par le Fonds monétaire international (FMI), qui la juge contraire aux bonnes pratiques budgétaires et de gouvernance.  

Mais, le gouvernement ne veut pas y mettre un terme, arguant notamment de « l’urgence et la sensibilité de certaines dépenses de sécurité et de souveraineté ». Selon un officier supérieur de l’armée, le Bir doit en partie son efficacité au fait que la totalité de son budget est financée par ce mécanisme beaucoup plus flexible. À défaut d’y mettre fin, les autorités ont décidé de faire un peu de lumière sur ces dépenses et leur consacrent désormais toute une partie dans les rapports ITIE depuis l’avant-dernière édition publiée en 2019.

Hausse des dépenses de sécurité

Le rapport ITIE ne donne pas de détails sur le type de dépenses réalisées par le Bir avec l’argent mis à sa disposition par la SNH. Mais, le montant de cette enveloppe permet d’avoir une meilleure photographie des dépenses de sécurité du Cameroun. Jusqu’ici inconnu du public, le budget du Bir est en effet distinct de celui du ministère de la Défense, qui a dépensé, selon la loi de règlement adoptée par l’Assemblée nationale, 209,6 milliards de FCFA en 2017, dont 30,12 milliards de FCFA directement payés par la SNH.  

Un calcul rapide permet de conclure que le Cameroun aurait donc en réalité consacré plus de 318,7 milliards de FCFA de dépenses à sa sécurité (Police, Direction générale de la recherche extérieure, État-major particulier du président de la République, Garde présidentielle et Direction de la sécurité présidentielle… exclus).  

Depuis une dizaine d’années, l’armée camerounaise est engagée sur plusieurs fronts : sécurisation de la presqu’île de Bakassi dans la région du Sud-Ouest, sécurisation de la frontière à l’Est face aux incursions des rebelles centrafricains, lutte contre Boko Haram à l’Extrême-Nord et contre les milices d’inspiration séparatiste dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest…  

La multiplication de ces défis sécuritaires accroît les dépenses de sécurité du pays. Dans un rapport sur le Cameroun, rendu public le 30 août 2018, le FMI estime les dépenses supplémentaires engagées dans le domaine de la sécurité du fait de la crise dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, à 0,4% du produit intérieur brut (PIB) en 2017. Avec un PIB évalué en 2017 à 19 806,3 milliards de FCFA, ces dépenses se chiffrent à plus de 79 milliards de  FCFA, soit un coût moyen mensuel de 6,6 milliards de  FCFA.  

Aboudi Ottou

Dernière modification le vendredi, 25 juin 2021 06:26

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