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Lutte contre le Covid-19 : l’outrage de la « diplomatie » française au Cameroun

Lutte contre le Covid-19 : l’outrage de la « diplomatie » française au Cameroun

Paru le samedi, 04 avril 2020 07:59

Les opinions publiques d’Afrique sont outrées, après la publication, d’une note sur les conséquences politiques de la pandémie du Coronavirus par le Centre d’Analyse, de Prévision et de Stratégie (CAPS), un groupe de réflexion apparenté au ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères. Le document rédigé le 24 mars 2020 est intitulé « L’effet pangolin : la tempête qui vient en Afrique ? » Il prétend, sans éléments factuels, que les États africains, dont le Cameroun, sont incapables de faire face au Covid-19 et prédit une mise « à bas des régimes fragiles (Sahel) ou en bout de course (Afrique centrale) ».

Sur le continent, cette analyse est vécue comme « un outrage », « une provocation de trop » en provenance de la France. Sur la page Facebook de l’agence Ecofin où la note a été publiée en intégralité ce 3 avril 2020, on enregistre déjà des centaines de messages de désapprobation. « Je peux affirmer que ces prévisions sont erronées. Il y’a beaucoup de détails qu’ils ne prennent pas en compte. Notre capacité à se soigner par les plantes, notre climat favorable, notre expérience des crises sociales, économiques et même sanitaires. Croyez-moi, l’Afrique a déjà connu pire », soutient un internaute. « L’Afrique s’en sortira libre », prédit un autre. « Le temps de l’esclavage est passé », peut-on aussi lire.

Par ailleurs, certains ne comprennent pas qu’on se permette depuis la France, où on rencontre des difficultés à faire face à cette pandémie, de parler de façon « humiliante » et « insultante » aux pays d’Afrique qui jusqu’ici affrontent le problème avec détermination, malgré la modicité de leurs ressources et le soutien jusqu’ici tiède de la communauté internationale.

Cause nationale

Le think tank apparenté au Quai d’Orsay cite par ailleurs le Cameroun comme un des pays d’Afrique centrale où le « choc pourrait précipiter la crise finale de la rente pétrolière ». Cette prédiction est à l’opposé d’autres projections. « Dans la plupart des dernières simulations faites par différentes agences de prévision économique, en cas de crise dure ne dépassant pas 3 mois, le Cameroun affichera tout de même sur 2020 une croissance économique enviable de l’ordre de 1 à 2% », indique l’économiste Robert Beidi dans une interview exclusive accordée au magazine Investir au Cameroun à paraitre ce mois d’avril. À l’en croire, « cette performance viendra principalement de la diversification de son économie et des différentes réformes économiques effectuées ces dernières années sous l’impulsion du FMI ». 

Pour CAPS, ce choc économique pourrait même déclencher « des processus de transition politique ». Sur place, la crise n’est pourtant pas perçue comme la seule affaire du régime en place encore moins du seul président de la République : oppositions, gouvernement, société civile, opérateurs économiques… sont mobilisés pour faire face à la crise sanitaire et à ses conséquences économiques. Les contributions affluant du monde des affaires (plus d’un demi-milliard de FCFA à ce jour) ont amené Paul Biya à instruire la mise en place d’un fonds de solidarité pour la lutte contre le Covid-19, doté d’une enveloppe initiale d’un milliard de FCFA.   

De leur côté, les autorités sont à l’ouvrage. Paul Biya a récemment instruit l’affectation de 45 milliards de FCFA à la gestion de la pandémie. L’argent viendra de l’opération de mobilisation des fonds sur le marché des titres publics de la Banque des États de l’Afrique centrale qui sera lancée dès le 8 avril 2020. 

Des attentes continuent à être exprimées, mais les populations, qui ont affiché au départ une certaine insouciance, se montrent de plus en plus disciplinées et suivent les prescriptions formulées pour faire face au Coronavirus. Les secteurs qu’on présumait difficiles à gérer comme les transports par taxi, les débits de boissons, les snacks… s’alignent au respect des mesures de distanciation sociale.  

Aboudi Ottou

Dernière modification le dimanche, 05 avril 2020 15:50

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