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Me Tchakounte Patie : le défenseur de l’« avocature » perd face à la mort

Me Tchakounte Patie : le défenseur de l’« avocature » perd face à la mort

Paru le lundi, 05 octobre 2020 08:05

Me Charles Tchakoute Patie a raccroché sa toge. À 57 ans, le bâtonnier de l’Ordre des avocats du barreau du Cameroun est décédé ce dimanche 4 octobre en France. Le célèbre avocat s’en est allé trois jours après avoir bénéficié d’une évacuation sanitaire. Des sources familiales indiquent qu’au moment où il a quitté le Cameroun le jeudi 1er octobre dernier, le défunt « était déjà bien affaibli par la maladie ».

Après 28 ans d’exercice (1992-2020) du métier d’avocat, maitre Charles Tchakoute Patie quitte les prétoires à moins de deux mois de la fin de son mandat à la tête de l’Ordre des avocats du Cameroun. C’est le 25 novembre 2018, au cours d’une assemblée générale élective de l’Ordre tenue à Douala, qu’il avait été élu par ses pairs, devançant ainsi le bâtonnier sortant Maitre Jackson Ngnie Kamga avec un score de 1158 voix contre 758.

 « C’est une perte énorme pour l’avocature et pour le Cameroun », a déclaré Me Christian Daniel Bissou, président de la Commission des droits de l’Homme et des libertés au barreau du Cameroun, dans un témoignage fait sur les colonnes du journal Mutations. Dans la corporation on garde de lui l’image d’un travailleur et d’un « bon père qui a débloqué la situation de la dernière cuvée des jeunes avocats ». Plus de 800 attendaient depuis six ans. « Il a assisté à toutes leurs prestations de serment dans les 10 régions », révèle Me Christian Daniel Bissou.

Protecteur engagé

Le natif de Mandjo dans la région de l’Ouest avait placé son magistère sous le signe de la protection de l’image de marque de l’avocat au Cameroun. Son combat acharné contre les abus commis à l’endroit de ses confrères participe de cet engagement qui aura guidé son action depuis sa prise des rênes du bâtonnat. L’un des moments les plus intenses de cette lutte aura sans doute été l’affaire Me Serge Chendjou, un avocat agressé en juillet 2019 à Yaoundé par des gendarmes au secrétariat d’État à la défense en charge de la gendarmerie (Sed).

La prise de position du barreau avait alors contraint le Sed à engager une concertation avec l’ordre à l’issue de laquelle, le patron de la gendarmerie a pris langue pour « qu’aucun avocat ne fasse plus l’objet de violences ni d’entraves de quelque nature que ce soit dans sa pratique professionnelle ».

Du respect pour la « robe noire »

Pour redorer les lettres du blason du métier d’avocat, le bâtonnier Tchakounte Patie s’en est parfois pris à ses confrères pour réprimer les écarts de comportement de certains membres du barreau. Sa sortie du 18 octobre 2019, dans laquelle il fustige le fait que des avocats du collectif commis à la défense Maurice Kamto se soit rendu en « robes noires » au domicile du président du MRC, en est une illustration.

« Le barreau du Cameroun n’est pas un parti politique. Les avocats ne peuvent revêtir leur robe qu’à des occasions consacrées par les usages et les traditions séculaires. Les domiciles privés ne sont d’aucune façon les lieux où la robe d’avocat peut être portée, sauf situations très particulières sur autorisation expresse et préalable du bâtonnier. Le barreau du Cameroun réitère son statut et sa vocation d’une organisation professionnelle, mais aussi un observateur avisé et attentif de la société », rappelait-il.

En attendant l’élection d’un nouveau bâtonnier, l’intérim sera assuré par Me Claire Atangana Bikouna, la doyenne du conseil de l’Ordre des avocats du Cameroun.

BE

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