Le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, a quitté l’Assemblée nationale en fin d’après-midi de ce 5 juin, mi-agacé mi furieux, après l’incident qui a émaillé la plénière consacrée au débat d’orientation budgétaire (DOB). Le membre du gouvernement s’est contenté de prononcer son discours préparé pour la circonstance et la plénière s’est achevée par une acclamation des députés de la majorité présidentielle. Le DOB n’aura pas lieu et les élus des partis de l’opposition (SDF, PCRN et UMS) ont quitté la salle en signe de protestation.
C’est la première fois depuis que la loi de juillet 2018 portant régime financier de l’État institue le DOB que ce grand raout n’aura pas lieu à l’Assemblée nationale. En cause, un blocus établi par les députés de l’opposition dès l’ouverture de la plénière en mi-journée. Ceux-ci reprochent au gouvernement de ne pas avoir déposé le texte dans les délais prescrits par la loi suscitée. « Cette loi dit à l’article 11 que nous devons recevoir des documents avant le 1er juillet », a fulminé le député PCRN Cabral Libii.
Mais c’est ce 5 juillet à 10 h 30 min que les élus ont reçu trois documents : « un document de cadrage à moyen terme, un rapport sur la situation macroéconomique du pays, un rapport sur l’exécution de l’exercice budgétaire en cours », liste le député qui souligne que cela fait au total 168 pages. Impossible pour eux d’assimiler tous ces documents en une heure et d’en débattre avec les membres du gouvernement présents.
Pour cela, les députés de l’opposition ont demandé un ajournement du DOB. Ce qui de fait correspond à l’ouverture d’une session parlementaire extraordinaire, car la session en cours prend fin ce 6 juin. Fin de non-recevoir du président de la Chambre, Cavaye Yéguié Djibril, qui après plusieurs heures de consultation, relance la plénière. Il est cependant à noter l’article 11, cité supra, précise qu’il n’y a pas de vote lors du DOB.
Ludovic Amara
