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Recrutement spécial des docteurs PhD : polémique autour de la mise à l’écart des candidats fonctionnaires

Recrutement spécial des docteurs PhD : polémique autour de la mise à l’écart des candidats fonctionnaires

Paru le mardi, 09 février 2021 11:48

Les fonctionnaires sont désormais exclus du recrutement spécial des enseignants titulaires d’un doctorat/PhD. C’est ce qui ressort d’une correspondance adressée le 03 février dernier au ministre d’Etat Jacques Fame Ndongo en charge de l’Enseignement supérieur, par le président de la commission centrale de supervision de cette opération, Séraphin Magloire Fouda, secrétaire général des Services du Premier ministre (SG/PM).

La lettre qui évoque les « très hautes instructions du Premier ministre », ordonne de ne retenir dans ce processus que les agents publics appartenant aux domaines médicaux, biomédical ou pharmaceutique. Les autres, principalement les enseignants de lycées, titulaires de doctorats, sont mis hors course. Séraphin Magloire Fouda demande du reste au Minesup, en sa qualité de président du comité technique, de recourir à la réserve des dossiers éligibles, mais non retenus, compris dans les 1818 dossiers déposés.

Le chancelier des Ordres académique devra par la même occasion se charger « de procéder à des péréquations inter-universitaires, en pourvoyant aux postes vacants dans une université par les dossiers éligibles d’une autre institution universitaire ; de transmettre à la commission centrale de supervision, les fiches de renseignements individuelles, dûment signées par le chef de l’institution universitaire, de tous les dossiers jugés recevables », précise la note. Suite à cette correspondance, le Minesup a écrit aux différents recteurs le 04 février pour leur demander de lui faire parvenir les listes actualisées qui tiennent compte de ce principe, sous un délai de huit jours.

Polémique

Mais cette décision du SG/PM suscite la polémique au sein de l’opinion publique. Certains fonctionnaires crient à l’injustice dans la mesure où elle ne pénalise que certains fonctionnaires. De plus, ils la trouvent contradictoire aux dispositions prévues dans le communiqué portant ouverture de postes, signé le 14 février 2020 par le président de la commission centrale de supervision. Notamment l’article 14 dudit communiqué qui indique qu’il faut simplement une autorisation préalable du ministre utilisateur ou du chef de l’administration d’attache pour les candidats sollicitant un changement de corps. « Ce qui vient de se passer s’apparente à un acte d'anti jeu. C’est comme si l’arbitre décidait de changer les règles du jeu à la dernière minute d’un match », commente un candidat.

Longue attente

Pour bien comprendre cette critique des candidats mis à l’écart, il faut préciser qu’après audition, les candidats présentant les meilleurs profils ont été retenus depuis de longs mois. D’abord au niveau des commissions consultatives de recrutement dans les 8 universités d’Etat, ensuite au niveau de la Commission technique de recrutement qui siège au Minesup. La décision du 03 février intervient donc alors qu’ils sont dans l'attente des résultats de cette 2e phase de l’opération de recrutement des enseignants dans les universités publiques. La publication desdits résultats devait être effective depuis novembre 2020, conformément au chronogramme des activités de ces recrutements.

L’Excellence en pâtit

Pour certains observateurs, la mise en application de la note du Pr Magloire Séraphin Fouda pourrait impacter négativement la qualité de la ressource humaine du personnel enseignant au sein des institutions universitaires publiques. « Malheureusement, les universités seront privées de potentiels brillants enseignants pour la simple raison qu’ils seraient déjà des fonctionnaires. Cette décision semble absurde lorsqu’on sait que le milieu universitaire est un pôle où prime l’excellence académique et scientifique. D’ailleurs, de tous temps, des fonctionnaires, y compris certains signataires de cette décision, ont souvent été recrutés dans les Universités d’Etat, selon qu’ils avaient des compétences avérées ».

Au départ

Au ministère de l’Enseignement supérieur, l’on soutient que la note du SG/PM cadre avec l’esprit de l’opération de recrutement tel qu’il avait été instruit par le président de la République. « Il s’agissait d’un recrutement première embauche qui visait à retenir uniquement les titulaires des doctorats PhD dont nombreux étaient sans emploi et sans matricule ».

L’opération du recrutement spécial de 2000 enseignants titulaires d’un doctorat/PhD dans la Fonction publique a été instruite par le président de la République, Paul Biya, en octobre 2018. Dans sa première phase, 1237 enseignants ont été contractualisés. La deuxième phase portant enrôlement de 500 personnes, a été ouverte à la suite d’une grève menée en janvier 2020 par plusieurs centaines de titulaires de PhD recalés à l'issue de la première phase.

Baudouin Enama

Dernière modification le mardi, 09 février 2021 11:50

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