Une source diplomatique camerounaise confirme que le Nigeria vient de saisir la Cour internationale de justice de La Haye, aux Pays-Bas, pour contester une partie du tracé de la frontière avec le Cameroun. Selon notre source, Abuja et Yaoundé ne s’accordent pas sur la délimitation de la frontière dans la localité des monts Rhumsiki dans la région de l’Extrême-Nord, au niveau de la borne 8 plus précisément.
« Dans le cas de la borne 8, nous avons toujours soutenu qu’il y avait une erreur dans les coordonnées de ce point. Et nous avons demandé à nos homologues, nos frères camerounais, de nous aider à comprendre comme dans de précédents cas où il y avait eu des erreurs dans les coordonnées données par la CIJ (Cour internationale de justice) ». Des propos tenus il y a trois mois par Adamu Adaji, le directeur général de la Commission des frontières nationales du Nigeria, et relayés par la presse nigériane.
En clair, les autorités nigérianes ne contestent pas le jugement rendu par la CIJ dans l’affaire Bakassi, mais plutôt les coordonnées de la borne 8. C’est ce différend qui fera l’objet des débats entre le Nigeria et le Cameroun. Même s’il y a à craindre, côté camerounais, que ce nouveau contentieux donne du volume à la frange des Nigérians qui ont toujours dénoncé la rétrocession du chapelet d’îlots de Bakassi, riches en pétrole et en gaz, au Cameroun.
L’opposant camerounais Maurice Kamto, qui a longtemps représenté le Cameroun dans la commission mixte Cameroun-Nigéria chargée de délimiter la frontière après le verdict de la CIJ, est allé déposer un courrier en rapport avec ce dossier au palais d’Etoudi, selon des révélations du magazine panafricain jeune Afrique. Preuve que la décision du Nigeria de retourner à La Haye est l’aboutissement d’une longue réflexion.
Le conflit frontalier entre le Nigeria et le Cameroun éclate en 1993. Des affrontements armés sont même enregistrés en 1994 et en 1996. Les deux pays ne s’entendent pas sur le tracé entre la Grande-Bretagne, présente au Nigeria, et l’Allemagne côté camerounais. Ce tracé colonial a pour principal point d’achoppement la presqu’île de Bakassi. A Yaoundé, le président Paul Biya privilégie la voie judiciaire. Et en octobre 2002, un arrêt de la CIJ tranche la dispute en faveur du Cameroun.
Parvenues à cette date, la grande majorité des bornes ont déjà été placées par les deux États. Il ne reste que trois zones de désaccords, selon le gouvernement fédéral nigérian. À commencer par la zone de la borne 8.
Michel Ange Nga
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