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Guinée équatoriale : l’ambassadeur du Cameroun déconseille aux Camerounais d’ester en justice contre leurs compatriotes

Guinée équatoriale : l’ambassadeur du Cameroun déconseille aux Camerounais d’ester en justice contre leurs compatriotes

Paru le mercredi, 11 août 2021 10:38

Dans un communiqué publié le 10 août 2021, l’ambassadeur du Cameroun en Guinée équatoriale, Désiré Jean Claude Owono Menguele (photo), fait savoir que « de nombreux Camerounais sont actuellement détenus dans les cellules et prisons » de ce pays voisin, « du fait de plaintes de leurs compatriotes ». De ce fait, « l’ambassade recommande fortement, en raison des conséquences souvent malheureuses enregistrées dans certains cas, que des solutions apaisées soient d’abord recherchées au niveau de leurs associations qui sont par ailleurs encouragées ».

Si cette voie ne leur donne pas satisfaction, le chef de mission diplomatique conseille le recours à « l’ambassade, qui se dévoue au quotidien à trouver des solutions aux différends qui existent entre ressortissants camerounais ». Désiré Jean Claude Owono Menguele tient à préciser qu’il n’est pas question « de priver les compatriotes victimes de certains abus du droit d’ester en justice ou de saisir les autorités policières du pays d’accueil ».

Cette clarification fait suite à un premier communiqué publié un jour plus tôt, dans laquelle l’ambassadeur interdit « aux ressortissants camerounais d’initier à l’encontre de leurs compatriotes toute poursuite ou action judiciaire auprès des autorités du pays d’accueil sans préalablement avoir posé le problème pour recherche de solution au niveau de la chancellerie ». Dans ce communiqué, le diplomate prévient que « les contrevenants à cette consigne s’exposent à toutes sortes de mesures répressives de la part de l’ambassade ».

Immixtion dans les procédures

Cette sortie a eu le don de susciter une vive polémique au sein de l’opinion. « Un ambassadeur n’a pas vocation à imposer aux citoyens un mode de procédure, un ordre de juridiction ou une action en justice et encore moins un mode alternatif de règlement de différend. L’ambassadeur s’identifie au législateur, s’érige en juge pénal et s’immisce dans le domaine de la loi sans ordonnance d’habilitation du Parlement », s’insurge un avocat.

Prenant le contre-pied de cette position, un internaute vole à la rescousse de l’ambassadeur en notant que « la solution à l’amiable par voie de consultation diplomatique est sa posture, vu l’abondance des procès de nos citoyens dans ce pays et qui sont caractérisés par l’insuccès ».

« Au demeurant, des démarches sont en cours auprès des autorités du pays d’accueil pour un meilleur traitement des compatriotes lorsqu’ils se retrouvent devant les instances policières, de gendarmerie ou judiciaires », fait savoir le diplomate comme pour mettre un bémol à sa première sortie.

Justement, les témoignages sont légion sur les mauvais traitements infligés aux Camerounais par les forces de l’ordre équato-guinéennes. « Un matin de 2011 à Malabo, la police a fait une descente dans une basse vie d’ouvriers majoritairement camerounais. On les a embarqués et baladés en ville juste en slip », corrobore un journaliste.

Dominique Mbassi

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