Dans une interview au quotidien gouvernemental Cameroon tribune du 13 juillet, le directeur général (DG) des Élections, Érik Essoussè (photo), attribue le faible engouement des populations à s’inscrire sur les listes électorales à l’implication tiède des partis politiques et de la société civile. « En réalité, ce sont les partis politiques qui doivent nous apporter l’électorat, parce que ce sont eux les utilisateurs des électeurs. Elecam (Elections Cameroon, organe public en charge de l’organisation matérielle des élections au Cameroun, NDLR) est un facilitateur, qui donne le cadre idoine et les outils pour ces opérations. Mais aujourd’hui, on laisse tout le travail à Elecam », se désole le DG des Élections.
Érik Essousse ne décolère pas : « Elecam fait la publicité, multiplie les affiches pour sensibiliser, organise même des équipes mobiles. Il revient aux autres de jouer leur partition ». Il invite par exemple la société civile à jouer effectivement son rôle dans la sensibilisation des potentiels électeurs. Certes, le DG des Élections reconnait que certaines formations politiques (RDPC au pouvoir ou le parti d’opposition PCRN…) organisent de temps en temps des campagnes incitant leurs militants à s’inscrire sur les listes électorales. Mais il demande aux partis politiques de s’impliquer en permanence dans le processus d’inscription des électeurs.
« Les Camerounais, pour de nombreuses raisons, se montrent de plus en plus indifférents aux élections. Ce faible intérêt peut aussi se justifier par les récurrents appels au boycott des élections qui sont devenus la marque de certains leaders politiques », croit savoir un acteur de la société civile.
En dépit de tous ces vents contraires, le DG des élections indique que « l’objectif de 10 millions d’électeurs est maintenu et est d’actualité ». La révision annuelle des listes électorales lancée le 2 janvier 2021 se clôture pourtant le 31 août prochain. Au 30 juin et en attendant son toilettage, le fichier affiche 6 927 859 électeurs inscrits, soit 71 048 nouveaux inscrits depuis le début de l’opération. Cette performance insatisfaisante surtout lorsqu’on sait que, d’après les statistiques et projections officielles, la population électorale est estimée à environ 11 millions sur une population globale de près 26 millions d’habitants.
Dominique Mbassi
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