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Crise anglophone : certains combattants séparatistes sont fatigués de la guerre, selon le cardinal Tumi

Crise anglophone : certains combattants séparatistes sont fatigués de la guerre, selon le cardinal Tumi

Paru le jeudi, 14 janvier 2021 13:31

Le cardinal Christian Tumi vient de publier sur la crise anglophone. Intitulé « Ma nuit en captivité », le livre de 80 pages a été rédigé avec la collaboration du Pr Charles Ngadjifna et de Martin Jumbam. Dans cet ouvrage, le prélat de 90 ans retrace les négociations, engagées en coulisses pendant plusieurs mois, depuis la genèse de la crise anglophone.

Il revient ensuite sur les conditions dans lesquelles le Fon de Nso a quitté son palais, son séjour prolongé à Yaoundé, les tractations faites pour son retour alors qu’il craignait pour sa vie, les circonstances de leur (le Fon de Nso et lui) arrestation par un groupe séparatiste, de leur séquestration le mercredi, 4 novembre 2020 à Ndop, et leur libération.

Dans son récit, l’auteur marque un arrêt pour parler du moral des combattants des factions armées du mouvement séparatiste. Aussi décrit-il la lassitude de certains jeunes enrôlés par ces bandes armées qui sévissent dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Extrait : « Lorsque je parle du “côté humain” de ces jeunes hommes dans les buissons, il me revient le souvenir d’un enfant rencontré à Kaikai, qui m’a dit qu’ils n’étaient plus sûrs de ce pour quoi ils se battaient, qu’il n’y avait plus d’objectif clair et précis pour leur lutte. Certains de ceux qui nous avaient retenus captifs avaient aussi affirmé qu’ils avaient perdu de vue le but de leur lutte. Quelques-uns avaient même donné leur numéro de téléphone à mon chauffeur et, des semaines plus tard, contre toute attente, l’avaient appelé pour lui demander comment j’allais et l’avaient chargé de me transmettre leurs salutations. Ils lui avaient aussi dit qu’ils n’avaient rien à manger et se demandaient s’il pouvait les aider ».

Récurrence

Mais le livre du cardinal Christian Wiyghansai Tumi n’est pas le premier à faire échos du malaise qui règne dans les rangs de ces milices qui, sous le prétexte de revendiquer la création d’un Etat sur les cendres de l’ex-Southern Cameroun, pillent, torturent et assassinent les populations dans la partie anglophone du pays.

En mai 2019, Lukong Clinton, une jeune fille présentée comme une ancienne de ces groupes rebelles faisait déjà des déclarations similaires. « J’étais en brousse, à Kumbo, avec les combattants, pendant un an et demi. On croyait à notre lutte. Mais plus tard, j’ai constaté qu’on se battait pour autre chose. Les choses avaient changé, il y avait des meurtres, des incendies et des vols, ce qui n’était pas notre but », affirmait-elle dans un entretien accordé à Frédéric Takang, correspondant de BBC à Bamenda.

CNDDR

Selon Dr Nick Ngwayang, fondateur du Mouvement paix dans les régions anglophones, de nombreux jeunes enrôlés dans les rangs des « Ambas », nom attribué aux combattants séparatistes, souhaitent déposer les armes après des années de combats sans perspective.

A l’analyse, cet état d’esprit des troupes rebelles pourrait être capitalisé pour optimiser les résultats du Comité national de désarmement, de démobilisation et de réintégration (CNDDR) mis en place par le président camerounais pour pacifier le Nord-Ouest et le Sud-Ouest englués dans une lutte armée.

Depuis 2018, les CNDDR ont déjà accueilli 800 personnes, selon les statistiques officielles. Ils sont répartis dans trois centres dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. A ce jour, au moins sept milices armées ayant entre 2 000 et 4 000 combattants opèrent dans les régions anglophones du pays, estime l’ONG International Crisis Group.

Baudouin Enama

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Dernière modification le jeudi, 14 janvier 2021 13:35

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