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Delphine Tsanga : vie et parcours d’une pionnière du féminisme

Delphine Tsanga : vie et parcours d’une pionnière du féminisme

Paru le vendredi, 17 juillet 2020 16:51

Delphine Tsanga n’est plus. Âgée de 85 ans, celle qui officiait depuis au Conseil électoral d’Elections Cameroon (Elecam) est décédée dans l’après-midi du 16 juillet 2020 à l’Hôpital général de Yaoundé, des suites de maladie.

Cette native de Doumé à l’Est du pays, dans le département du Haut-Nyong, était une pionnière. Première Camerounaise à pratiquer du sport de compétition, Delphine Tsanga a été championne d’athlétisme dans les disciplines du saut en hauteur et du saut en longueur. Une dimension sportive peu connue, à côté de la grande figure historique de l’univers politique qu’elle incarnait sur la scène publique au Cameroun.

Sa longue carrière commence dans les années 60, lorsque cette ancienne du Lycée Joss de Douala rentre au Cameroun, nantie d’un diplôme d’infirmer d’État obtenu en France. À côté de ses activités cliniciennes, elle intègre le Conseil national de la jeunesse du Cameroun (Conajepca). Elle y prend le lead en tant que présidente de la branche féminine en 1964, avant d’être élue membre de l’Assemblée législative du Cameroun (Alcam), qui faisait alors office de Parlement.

Première femme ministre

Son entrée au gouvernement se fait en 1970. Elle est nommée ministre adjoint de la Santé publique. Deux ans plus tard, la jeune dame monte en grade et devient vice-ministre au sein du même département ministériel.

Le 3 juin 1972, El Hadj Amadou Ahidjo lui confie le portefeuille de ministre des Affaires sociales. Dephilne Tsanga est désormais la première femme ministre en Afrique subsaharienne. Un poste qu’elle va quitter le 7 juillet 1984, date marquant également sa sortie définitive du gouvernement.

Militante engagée, Delphine Tsanga a également été une grande voix de l’Union nationale camerounaise (UNC). Elle a d’ailleurs été la présidente de l’organisation des femmes du parti unique (OFUNC).

Opposante de la première heure

Avec l’arrivée du multipartisme, la doyenne des femmes ministres bascule dans l’opposition et rejoint les rangs de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) au côté de Bello Bouba Maïgari. Elle sera désignée membre du Bureau politique et vice-présidente de cette formation politique.

Outre la femme politique, le Cameroun perd également une femme des lettres aux idéaux féministes bien trempés. Dans un environnement socio-politique qui ne laissait que très peu de places au « sexe faible », ses œuvres ont souvent contribué à défendre la cause des femmes. 

 C’est le cas du livre « Vies de femmes », considéré comme sa publication la plus célèbre. « Les femmes venaient vers moi pour m’exposer leurs problèmes, et je voulais faire entendre leurs voix. Je me suis jetée à l’eau et j’ai décidé de prêter ma voix à ces dames, d’écrire pour exprimer leurs problèmes », expliquait-elle.

Dans son ouvrage intitulé « La biographie sociale du sexe : genre, société et politique au Cameroun », le Pr Luc Sindjoun, présente Delphine Tsanga comme étant l’une des « représentantes attitrées du féminisme organique » dans le microcosme sociopolitique camerounais.

Baudouin Enama

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