Le Conseil national de la Communication (CNC) a mis en garde aux patrons de presse et les présentateurs des émissions de débat et des programmes interactifs contre la « généralisation » d’attitudes et de propos jugés « discourtois, abjects, indécents et violents ». Dans un communiqué daté du 19 mai, le régulateur averti que ces attitudes et propos « ne cadrent ni avec la triple fonction d’information, de formation et de reliance sociale caractéristique de la fonction informative, ni même avec les exigences déontologiques qui sous-tendent l’activité médiatique ».
Le CNC rappelle aux professionnels des médias, principalement les animateurs desdits émissions et programmes, qu’ils sont responsables des attitudes et des propos émis par les personnes invitées sur leurs plateaux. « A ce titre, le CNC rappelle aux professionnels concernés qu’ils sont tenus de procéder à un choix conséquent de leurs panelistes et de veiller à un encadrement professionnel de leurs émissions, dans le but d’éviter la prolifération de joutes langagières épiques, d’attitudes insolites et inappropriées, de plus en plus présentes dans les contenus audiovisuels, qui sont à l’évidence constitutives de dérives médiatiques et d’atteintes graves au bon ordre social », écrit le régulateur.
La sortie du CNC intervient au lendemain d’un incident survenu lors de l’émission « Club d’Elites », diffusée en direct dimanche dernier sur la chaîne de télévision privée Vision 4. Lors du débat qui portait notamment sur l’avenir du nationalisme 65 ans après le décès du leader indépendantiste Ruben Um Nyobe, l’un des panélistes a, à plusieurs reprises, insulté et proféré des menaces physiques contre le présentateur de l’émission. Les autres panélistes invités à cette émission n’ont pas échappé à cette violence verbale.
Un extrait de cette séquence partagée sur les réseaux sociaux a provoqué la colère de certains internautes qui ont condamné le comportement du panéliste incriminé. Cet épisode n’est cependant pas un cas isolé. Aujourd’hui au Cameroun, les insultes, menaces, violences et bagarres semblent avoir été érigées en règle sur les plateaux de télévision et de radio. Parfois, ce sont les journalistes qui s’illustrent par des propos tribalistes ou des discours de haine.
Le CNC a d’ailleurs plus d’une fois rappelé les médias à l’ordre et pris des sanctions contre certains d'entre eux. Face à ce phénomène grandissant, le régulateur menace une fois de plus de suspension les médias qui vont continuer à laisser prospérer ce type de comportement et de propos sur leurs antennes ou ondes. « Le cas échéant, le Conseil, à la suite de cette ultime mise en garde, se verra obligé de mettre en œuvre les sanctions prévues par la réglementation en vigueur à l’encontre des professionnels, des programmes ou même des organes médiatiques en cause », avertit le CNC.
Patricia Ngo Ngouem
