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Liberté de presse au Cameroun : le miroir déformant de Reporter sans frontière

Liberté de presse au Cameroun : le miroir déformant de Reporter sans frontière

Paru le mardi, 21 avril 2020 20:10

Le Cameroun fait une « marche arrière en matière de liberté de la presse », selon l’ONG Reporter Sans Frontière (RSF). L’édition 2020 du classement mondial de la liberté de la presse, réalisé par cette organisation, place le Cameroun au 134e rang sur 180 pays. Comparativement au classement 2019 de RSF où il occupait le 131e palier, le pays régresse de trois places.

RSF avance plusieurs raisons pour expliquer le recul du Cameroun. Elles vont des « perturbations du réseau » internet, aux « exactions commises à l’encontre des journalistes et des médias à la suite de la réélection de Paul Biya pour un septième mandat en octobre 2018 », passant par l’incarcération d’Amadou Vamoulke, l’ex-directeur de la Cameroon Radio Television (CRTV).

Réserves

Certains aspects du rapport de Reporter Sans Frontière ont de quoi surprendre les observateurs du secteur des médias au Cameroun. RSF allègue notamment que la « détention provisoire prolongée et sans condamnation depuis 2016 » d’Amadou Vamoulke, symbolise « le poids des représailles qui peuvent s’abattre sur des journalistes qui font de l’indépendance et de la résistance aux ingérences du pouvoir ». Mais de fait, l’ancien patron de la télévision d’État est poursuivi pour détournements de fonds, au profit de la chaîne de télévision publique qu’il a dirigée entre 2005 et 2016.

Alors que selon le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, « il n’y a pas de journaliste incarcéré ou en résidence surveillée au Cameroun, du fait de l’exercice de leur métier », RSF évoque « des détentions arbitraires de journalistes » et « les poursuites, notamment devant des tribunaux militaires ou des juridictions spéciales. La loi antiterroriste de 2014 avait été utilisée pour maintenir en prison le correspondant de RFI pendant deux ans et demi ».

Mais l’ONG ne donne aucun nom de journaliste en détention, encore moins ceux poursuivis devant les tribunaux militaires. Pour certains observateurs, RSF semble exhumer des affaires closes avant la période 2019 couverte par ce classement de RSF. Il s’agirait notamment de l’affaire Mimi Mefo qui remonte à 2018 ou encore l’affaire des trois journalistes Baba Wame, Felix Cyriaque Ebole Bola et Rodrigue Tongué. Cette affaire vieille de cinq ans et classée depuis octobre 2017 par le tribunal militaire qui a disculpé les accusés.

Appui de l’État

De source gouvernementale, le Cameroun compte à ce jour plus de 600 organes de presse enregistrés et paraissant selon des périodicités diverses, près de 200 stations de radiodiffusion sonore (radios commerciales, confessionnelles et communautaires) ; une trentaine de radiodiffusions télévisuelles ; 154 opérateurs de télédistribution, et un nombre considérable de médias cybernétiques.

« La presse écrite et la presse ligne sont les catégories les plus exposées à la précarité ambiante dans les médias avec pour la presse écrite, le coût des intrants, la faible consommation des journaux et un marché publicitaire qui fait la part belle à l’audiovisuel. S’agissant de la presse en ligne, le taux de pénétration de l’internet n’est pas suffisamment fort, pour permettre son déploiement optimal », selon Kisito Ngankak, le directeur du développement des médias privés et de la publicité au ministère de la Communication.

Pour lutter contre cette précarité préjudiciable à l’activité de la presse camerounaise, le gouvernement vient d’instituer l’appui institutionnel de l’État à la presse à capitaux privés. Lequel est réservé exclusivement aux entreprises éditant des journaux et périodiques et aux entreprises de presse en ligne.

BE

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