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Gestion des actifs pétroliers : les concessions à l’origine de la décrispation entre le Cameroun et le Tchad

Gestion des actifs pétroliers : les concessions à l’origine de la décrispation entre le Cameroun et le Tchad

Paru le mardi, 23 mai 2023 07:50

Au sortir d’une séance de travail au palais de l’Unité à Yaoundé, le 19 mai 2023, le secrétaire général de la présidence de la République du Tchad a confirmé que la crise diplomatique entre les deux pays a été résolue. « Je pense que les bruits ont été solutionnés, les nuages ombrageux qui semblaient peser dans nos rapports ont été éclairés et le Cameroun et le Tchad voient désormais dans la même direction », a assuré Gali Ngothe Gatta. « Toutes les questions ont été abordées et certaines incompréhensions ont à cette occasion été dissipées », avait, pour sa part, confié, le 26 avril, le secrétaire général de la présidence de la République du Cameroun. Ferdinand Ngoh Ngoh sortait alors d’une audience avec le chef de l’État tchadien, le général Mahamat Deby Itno, au palais de Toumaï à N’Djamena.

Pour en arriver là, Yaoundé a dû lever son verrou sur l’acquisition des actifs de Petronas Carigali Chad Exploration & Production inc., filiale de la major malaisienne Petronas, par la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT). « Le Tchad, dans le cadre de l’acquisition des actifs de Petronas a déposé, en accord avec cette dernière un dossier d’agrément en bonne et due forme comprenant le contrat de cession signé entre le Tchad et Petronas auprès des services en charge de la concurrence de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, NDLR), conformément à la règlementation communautaire en vigueur. À ce jour (20 avril 2023, NDLR), plus d’un mois après, il revient que seul le Cameroun n’a pas répondu aux lettres de demande d’avis de non-objection adressées par la Cemac à chaque ministre en charge du commerce des pays membres, lettres utiles à la convocation de la commission de concurrence qui devra statuer sur l’acquisition des actifs de Petronas par le Tchad », avaient dénoncé les autorités tchadiennes dans le communiqué du 20 avril annonçant le rappel pour consultation de l’ambassadeur du Tchad au Cameroun.

Cette opération, autorisée le 15 mai dernier par une décision du président de la Commission de la Cemac, le Gabonais Daniel Ona Ondo, permet à la compagnie pétrolière publique tchadienne de boucler la reprise des parts que détient Petronas dans le gisement pétrolier de Doba (35%) ; dans Tchad Oil Transportation Company (Totco), en charge du tronçon tchadien du pipeline reliant le Tchad au Port de Kribi (30,16%), et dans Cameroon Oil Transportation Company SA (Cotco), en charge du tronçon camerounais de l’oléoduc (29,77%).

Mystère sur le sort de Savannah

Désormais, le Tchad va contrôler Cotco avec près de 54% de participations. Mais dans sa décision, la Commission de la Cemac engage N’Djamena à rétrocéder au Cameroun, à sa demande, une partie de ses actions dans Cotco. Ce qui permettrait aussi au pays, comme il a souvent souhaité, d’aller au-delà de la participation de 5,17% qu’il détient actuellement dans cette entreprise à travers la Société nationale des hydrocarbures (SNH).

D’ailleurs, pour augmenter ses parts, la SNH a conclu le 20 avril un pacte actionnarial avec Savannah Energy. L’accord, qui reste à valider, prévoit la reprise par la société pétrolière publique camerounaise de 10% des parts réputées acquises par la junior pétro-gazière britannique dans Cotco à travers le rachat des 41,06% d’actions du géant américain Exxon Mobil. Dans son communiqué du 20 avril, N’Djamena estime que cette opération est « en contradiction avec les conventions et statuts de Cotco ». Il faut dire que le pays s’oppose à l’acquisition des actifs d’Exxon Mobil au Tchad et au Cameroun par Savannah Energy, qualifié de « nébuleuse ».

Sur ce point, on ignore pour l’instant où en sont les deux pays. Mais dans sa décision, la Commission de la Cemac continue de considérer Exxon Mobil comme actionnaire du consortium qui exploite les puits de pétrole de Doba au Tchad, de Totco et de Cotco. Un peu comme si la transaction entre Exxon Mobil et Savannah Energy n’avait jamais eu lieu.

Aboudi Ottou

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