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Vivre ensemble : regards croisés entre Joseph Le et Viviane Ondoua Biwole sur le rôle de la Fonction publique 

Vivre ensemble : regards croisés entre Joseph Le et Viviane Ondoua Biwole sur le rôle de la Fonction publique 

Paru le mercredi, 24 juin 2020 14:35

La 25e Journée africaine de la Fonction publique, célébrée le 23 juin 2020, était placée sur le thème : « Le rôle de l’administration publique dans la construction et le maintien d’une coexistence pacifique entre les communautés ».

Pour Viviane Ondoua Biwolé, enseignante-chercheure, ce thème « sonne comme une injonction à rassembler les communautés, considérées comme des groupes d’individus qui partagent les mêmes intérêts, pratiques, lois, langages, rituels ou coutumes ». « La fonction publique, héritage commun, est le lieu par excellence d’expression de la volonté de faire coexister pacifiquement les communautés. Nous devons faire de notre engagement à la fonction publique un devoir dans ce sens », martèle l’experte en gouvernance publique.

Gestion inclusive

Loin de cette interpellation, le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra), Joseph Le, dans la lettre adressée pour la circonstance aux usagers et personnels, magnifie plutôt la contribution de l’administration publique camerounaise à « la grande œuvre de construction nationale ».

« Dans son rôle central pour la consolidation et la préservation de la paix, la fonction publique remplit outre ses fonctions d’ordre, de réglementation et de sécurité, de promotion du développement économique durable, de valorisation de l’éducation et de la culture, un rôle de protection et de régulation sociale », soutient Le Minfopra. Pour lui, « la préservation de la diversité et la gestion inclusive des affaires publiques sont une réalité au sein de notre administration publique ».

Viviane Ondoua Biwole n’est pas du même avis. L’ancien directeur général adjoint de l’Institut supérieur de management public (ISMP) rappelle que le Cameroun dispose d’une pléthore (250) de communautés ethniques. Elle salue « la diversification des élites administratives (…), une nécessité entretenue par l’outil dit “équilibre régional” ». Mais, bémolise-t-elle, « il n’a échappé à personne qu’à la place de l’équilibre, on assiste à un effort de “visibilité régionale” ».

Visibilité régionale

S’il est vrai que les ethnies ou communautés sont visibles et présentes à tous les niveaux de la hiérarchie administrative, Viviane Ondoua Biwole soutient que « la question de leur équilibre (équité) reste une ambition vaine ».

Elle s’explique : « Le tribalisme ambiant, les violences économiques, politiques et sociales inquiètent au point de fragiliser la réflexion et les outils qui auraient pu s’imposer comme arbitres ! Les personnes qui incarnent la puissance publique et dont la responsabilité est d’assurer cette coexistence semblent malheureusement revêtir les caractéristiques de l’homme ordinaire corrompu par ses émotions et ses affinités ethniques ». L’enseignante-chercheure se situe donc en fin de compte « loin de l’apparence séduisante de ce concept et des discours de dirigeants publics qui l’accompagnent ».

Loin de lui apporter un démenti, Joseph Le admet que certains maux, à l’instar du clientélisme ou du tribalisme, sont de nature à diluer les efforts réalisés en matière de bonne gouvernance, de gestion efficace et durable des ressources publiques ou « d’amélioration constante des prestations fournies » par l’administration publique.

Occasion pour le Minfopra d’inviter chaque agent public à œuvrer, en fonction de sa position et de ses capacités, pour l’avènement d’une « Fonction publique camerounaise de nos ambitions, en tant que creuset de l’unité nationale, catalyseur de la paix et facteur de la cohésion sociale ».

Dominique Mbassi

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