Pour les autorités camerounaises, ce sont les milices d’inspiration sécessionniste qui sont à l’origine du massacre perpétré dans une école le 24 octobre dernier à Kumba, dans la région anglophone du Sud-Ouest. Selon la version officielle, cette attaque a couté la vie à six élèves, soit cinq filles et un garçon, tous âgés de neuf à douze ans. Elle a aussi fait treize blessés, soit dix filles et trois garçons, dont sept préoccupants.
Lors d’un point de presse tenu le même jour, le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, a laissé entendre que les commanditaires de cette tuerie sont des « concitoyens tapis dans l’ombre à l’étranger, dans leurs pays d’accueil ». Aussi, Yaoundé « entend en appeler, une fois de plus, à la coopération active et sincère des pays amis où sont hébergés les commanditaires de cette rébellion armée, ainsi qu’à celle des organisations internationales, si attachées à la défense des droits de l’Homme, afin qu’ils aident à leur neutralisation et à la consolidation du processus de pacification des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest », a fait savoir le porte-parole du gouvernement.
Condamnations
Plusieurs pays et organisations internationales ont condamné l’attaque. Dans un communiqué, l’ambassade des États-Unis à Yaoundé dénonce un « acte odieux et méprisable ». Il « montre un dédain envers les vies innocentes qui représentent l’espoir d’un avenir positif », indique la mission diplomatique. L’ambassadeur de France au Cameroun, Christophe Guihlou, s’est dit « révulsé ». Le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat dit ne pas « avoir assez de mots » pour exprimer son « horreur ».
Révulsé par le massacre d'enfants dans une école à Kumba ce matin, je condamne cet acte barbare avec la plus grande fermeté. Ses auteurs devront être traduits en justice et condamnés. Tous les efforts doivent être désormais réunis pour mettre un terme au conflit dans le #NOSO.
— Christophe Guilhou (@ChrisGuilhou) October 24, 2020
There are no words of grief nor condemnation strong enough to articulate my full horror at the brutal attack targeting primary schoolchildren,killing at least 6 of them and seriously injuring 13 more, as they sat learning in their classroom in #Kumba, southwest #Cameroon.
— Moussa Faki Mahamat (@AUC_MoussaFaki) October 24, 2020
Après une réunion de crise, tenue ce 25 octobre à Yaoundé, une délégation interministérielle a été dépêchée à Kumba « pour présenter aux familles endeuillées le réconfort, la solidarité et le soutien du peuple camerounais tout entier », informe le Premier ministre, Joseph Dion Nguté.
Le conflit dans les régions Nord-Ouest et Sud-Ouest dure depuis fin 2016. Les revendications corporatistes de départ ont progressivement glissé vers une demande d’autonomie, portée par une fraction extrême. Le gouvernement a concédé un statut spécial à ces régions, mais les violences se poursuivent. Il faut dire que la crise s’est complexifiée. En plus des acteurs qui sont dans une démarche politique, des groupes qui profitent du chaos travaillent pour que le conflit perdure.
Idriss Linge
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