Au cours du Forum des gouverneurs qui se tient en marge de la 8^ième session du comité de sécurité transfrontalière Cameroun-Nigeria, Abuja a pointé l’incapacité de Yaoundé à garder les réfugiés camerounais qui ont pris le chemin du retour dans leur pays. « Nous sommes tous conscients des défis sécuritaires qu’il y a au Cameroun et dans notre pays, notamment la question des réfugiés », a commencé le représentant du gouverneur de l’Etat de Cross River, au Nigeria. Mais pour ce haut responsable nigérian, « il se trouve que les réfugiés camerounais reviennent toujours au Nigeria faute de commodités de subsistance au Cameroun. Pas d’infrastructures d’accueil pour les maintenir sur place ».

Au Cameroun, on reconnaît cette situation. Pour le gouverneur de la région du Sud-Ouest, frontalière avec le Nigeria, c’est la situation sécuritaire dans la région qui rend compliqué la réinstallation des réfugiés. Et ce malgré les efforts de l’Etat. « Aujourd’hui la transafricaine Bamenda-Mamfe et Eyumodjock-Ekok, c'est-à-dire la frontière avec le Nigeria, est totalement bitumée ; et le marché d’Ekok s’est donc modernisé. L’Etat a construit des entrepôts de douanes », défend le gouverneur Bernard Okalia Bilaï. Il confesse cependant que « la situation sécuritaire fait en sorte que les effets escomptés ne sont pas produits ».

La crise sociopolitique qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, en proie à un conflit séparatiste depuis 2017, a jeté sur les routes des milliers de Camerounais. D’après un rapport du Bureau des affaires humanitaires de l’ONU, qui tire ses chiffres des cahiers nigérians d’enregistrement des réfugiés en provenance du Cameroun, au 30 juin 2021, plus de 67 000 Camerounais avaient trouvé refuge dans ce pays voisin. Pendant ce temps, plus de 700 000 autres étaient identifiés comme personnes déplacées internes.

Le Cameroun partage plus de 2000 km de frontière avec le Nigeria. C’est pour assurer le flux de personnes et de marchandises que les autorités des deux pays se rencontrent annuellement au sein d'un comité de sécurité transfrontalière. Côté camerounais, le comité est présidé par le ministre de l’Administration territoriale.

L.A.