Douze mois de prison avec sursis, pendant 05 ans, et une amende d’un million FCFA. C’est la peine retenue par la justice contre Augustin Wantou Ngueko et Christelle Annie Djonkou Messouck, deux avocats inscrits au Barreau du Cameroun poursuivis pour « escroquerie, corruption et outrage à magistrat ».
Le Tribunal de première instance (TPI) de Douala-Bonanjo a rendu son délibéré sur l’affaire le 25 novembre dernier.
Les plaidoiries étaient assurées entre autres par l'ancien Bâtonnier Me Jackson Ngnié Kamga, Me Nekui et Me Kouengoua.
« Nous ne pouvons pas commenter une décision de justice. Mais, quoi qu’il en soit, nous ne sommes pas d’accord avec cette décision. C’est vrai que nous ne sommes qu’en première instance. Il y a la Cour d’appel et la Cour suprême. Nous irons dans nos cabinets et verrons s’il faut relever appel, ainsi que les voies de recours », a déclaré Me Patrice Um, membre du collectif constitué pour défendre les accusés.
Placés en détention provisoire depuis le 9 novembre, les deux coaccusés retrouvent la liberté après deux semaines passées à la prison centrale de New-Bell à Douala.
A la source d’une crise
Cette affaire est à l’origine d’une crise qui secoue le landerneau judiciaire. Elle oppose les magistrats aux avocats du Barreau du Cameroun.
En effet, le 10 novembre dernier, plusieurs dizaines d’avocats se sont mobilisés pour solliciter la mise en liberté provisoire de ces deux avocats. Mais le juge chargé du dossier a mis l’affaire en délibéré, suscitant l’ire des robes noires.
Alors qu’un groupe d’avocats s’opposait au retour en prison de leurs confrères, des policiers sont intervenus à coup de matraque et de gaz lacrymogène pour les déloger de la salle d’audience.
En rapport avec cet incident, deux autres avocats, à savoir Richard Tamfu Ngarka et Armel Tchuemegne Kenmegne, ont été placés en détention provisoire.
Ils seront condamnés à six mois de prison avec sursis, lundi dernier, pour « rébellion en groupe et destruction des biens publics » par le TPI de Douala-Bonanjo.
Pour manifester son indignation contre ce qu’il considère comme une « persécution programmée des avocats au barreau », le conseil de l’Ordre des avocats du Cameroun a annoncé la suspension du port de la robe, du 30 novembre au 4 décembre, pour tous les avocats et dans tout le pays.
Le Barreau a par ailleurs suspendu « jusqu’à nouvel avis, et pour tous les avocats, toute intervention devant les juridictions statuant en matière criminelle, à tous les degrés de juridiction y compris la Cour suprême et le Tribunal criminel spécial, et les juridictions statuant en manière de contentieux électoral, y compris le Conseil constitutionnel ».
Baudouin Enama
Lire aussi :
Incident du TPI de Bonanjo : deux avocats condamnés à six mois de prison avec sursis
Incident du TPI de Bonanjo : des avocats visés par une enquête judiciaire
Douala : pourquoi policiers et gendarmes sont intervenus dans un tribunal