Mathématiquement, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), avec son écrasante majorité des 10 267 conseillers municipaux constituant l’un des deux collèges électoraux, est quasiment certain de remporter les premières élections régionales qui se déroulent le 6 décembre 2020.
Seul en lice dans 34 départements sur 58, le parti au pouvoir est d’ores et déjà sûr - sauf défections de certains de ses militants — de gagner 410 sièges de délégués régionaux sur les 700 réservés.
Pour autant, les 13 autres partis politiques en lice ne s’avouent pas vaincus avant l’heure. L’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) entend, avec ses 11 listes, maintenir dans son giron les communes qu’elle contrôle et titiller le RDPC dans certains de ses bastions, à l’image de la région de l’Est.
Le PCRN de Cabral Libii, qui a créé la surprise lors des élections municipales du 9 février dernier en prenant le contrôle de sept mairies et en partageant quatre, a aussi une belle carte à jouer.
Surtout, le parti pourrait tirer profit des dissensions (liées aux frustrations suscitées par les investitures) au sein du RDPC comme c’est le cas dans la Sanaga-Maritime pour lui grignoter des voix.
En effet dans cette circonscription électorale, des poids lourds à l’instar de Perrial Nyodog ou Alphonse Bibehe, ont été écartés lors des investitures. Des conseillers municipaux menacent ouvertement de voter l’opposition. Le RDPC est aux prises dans ce département avec le PCRN, l’UPC et le MLDC.
Au-delà des considérations partisanes
Et c’est le calcul de plusieurs partis dont le poids électoral est au demeurant insignifiant. Le cas de Denis Emilien Atangana, président du Front des démocrates camerounais (FDC), qui présente deux listes dans la Lékié où il ne compte qu’un seul conseiller municipal et dans le Mfoundi sans aucun élu encarté FDC.
Conscient de cette faiblesse, sa stratégie repose sur « une approche directe des électeurs à qui nous expliquons les enjeux de l’élection qui se situent au-delà des considérations partisanes ».
En course dans les départements du Wouri, de la Sanaga-Maritime et du Nyong-et-Kellé, l’UPC qui n’a pourtant aucun électeur, compte uniquement sur sa capacité à séduire les conseillers municipaux des autres formations politiques. « Nous soutenons que l’UPC avait toujours demandé cette décentralisation. Nous pensons qu’en allant vers les conseillers municipaux des autres partis, ils peuvent trouver que notre programme est alléchant et voter pour nous », corrobore Salomon Douala Epale, candidat du parti historique dans le Wouri.
Si, pour l’élection des 700 conseillers régionaux réservés aux partis politiques la victoire du RDPC ne fait pas de doute, en revanche la partie pourrait s’avérer plus rude pour les 200 sièges réservés aux 14 045 représentants du commandement traditionnel, en principe apolitiques.
D.M