Le Cameroun partage la position des Brics selon laquelle « le monde serait plus juste si les aspirations de tous les peuples étaient entendues et respectées », a laissé entendre le Premier ministre, Joseph Dion Nguté, lors de la cérémonie de clôture de la 15e session qui s’est achevée le 24 août 2023 à Johannesburg en Afrique du Sud. Comme les Brics, le pays demande notamment la réforme de l’ONU et des institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et FMI) pour un « multilatéralisme juste ».
Néanmoins, dans le bras de fer géopolitique que se livre le G7 et les Brics, le Cameroun, le Cameroun se garde de prendre parti. Yaoundé reste ainsi fidèle à sa diplomatie du non-alignement, soutient le diplomate camerounais Christian Pout, dans une interview publiée par le quotidien public Cameroon tribune, édition du 24 août. « Sur cette base, le pays n’a ménagé aucun effort pour se lier avec d’autres États et diversifier ses partenaires pour peu que ceux-ci soient respectueux de ses idéaux et de sa souveraineté », explique Christian Pout. Cela se voit dans le poids équitable de la coopération entre le Cameroun et les pays du G7 et celle entre le Cameroun et les pays des Brics.
La note sur les relations entre le Cameroun, le G7 et les Brics, publiée le mois dernier par l’Institut national de la statistique (INS), montre en effet que le poids des échanges commerciaux entre le Cameroun et les deux blocs en concurrence est relativement le même. On apprend que les pays du groupe des Brics achètent ensemble 29% des produits exportés et ils fournissent aussi 29% de produits importés. « Le G7, quant à lui, achète 22% des exportations et livre 21% des produits importés », peut-on lire dans la note de l’INS. Plus encore, les produits les plus échangés entre le Cameroun et les deux groupes sont quasiment identiques. Sur les exportations, il s’agit du pétrole brut, du bois scié, du gaz de pétrole, de la pâte de cacao… Pour ce qui est des importations, la note cite en priorité le blé, le pétrole raffiné ou encore le riz.
Dette
Ce qui est vrai pour les échanges commerciaux l’est aussi pour la coopération financière. Si la note conclut que la dette multilatérale du Cameroun est contrôlée à 60% par la Banque mondiale et le Fonds monétaire internationaux (FMI), sous la coupole du G7, la dette bilatérale du pays est par contre détenue par les pays du Brics à hauteur de 68%. En réalité, c’est davantage Pékin qui détient cette dette bilatérale. « La Chine à elle seule concentre actuellement 65,5% de l’encours de la dette bilatérale totale, loin devant la France (25,3%) », mentionne la note.
Sur le plan militaire, le Cameroun peut aussi compter à la fois sur le partenariat avec les pays du Brics et ceux du G7.
Alors que Paul Biya se rendait en Chine en mars 2018 pour une visite de deux jours, Yaoundé a avoué qu’il existe une importante coopération militaire entre le Cameroun et l’empire du Milieu, qui couvre notamment le volet de la formation et une assistance technique au niveau de la marine. Yaoundé loue aussi la densité de la coopération militaire avec la Russie de Vladimir Poutine. Moscou accorde pour cela des aides multiformes aux forces de défense et de sécurité camerounaises en matière de formations, de stages et d’équipements, entre autres. Le 12 avril 2022, les deux pays ont même paraphé un accord d’élargissement de leur partenariat militaire.
De l’autre côté, le Cameroun et la France sont liés par un vieil accord de coopération militaire signé le 21 février 1974. Qui est aussi présenté comme important par le pouvoir de Yaoundé. La preuve, cet accord a été rafraîchit 2009 après que l’Élysée a décidé, en février 2008, de réviser ses accords de défense avec huit pays africains (Togo, Cameroun, République centrafricaine, Comores, Côte-d’Ivoire, Djibouti, Gabon, Sénégal). Le Cameroun et les États-Unis coopèrent aussi dans ce domaine. Les deux pays sont lie l’accord portant sur l’entrainement des forces camerounaises et des forces des pays du golfe de Guinée à la sécurisation de leurs côtes. Ils ont également signé en octobre 2015 un accord de coopération dans le cadre de la lutte contre Boko Haram.
« Le Cameroun devrait poursuivre et densifier ses intérêts vis-à-vis de ces deux organisations qui sont des partenaires stratégiques pour le pays », conclut l’INS dans sa note.
Michel Ange Nga
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