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En pleines crises économique et sanitaire, les députés font pression pour l’achat de leurs véhicules

En pleines crises économique et sanitaire, les députés font pression pour l’achat de leurs véhicules

Paru le lundi, 29 juin 2020 17:24

Les députés semblent perdre patience. Agacés par le retard qu’accuse le gouvernement dans le processus d’acquisition de leurs voitures de fonction, les membres de la représentation nationale font pression sur le gouvernement. Vendredi 26 juin dernier, lors de la séance plénière consacrée au vote du projet de loi portant collectif budgétaire, ces élus ont tenu à passer ce message au ministre des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze.

La requête relative à cette dotation a été d’abord formulée par les membres de la commission des Finances de l’Assemblée nationale. Puis, comme pour rappeler à l’argentier national jusqu’où ils tiennent à leurs cylindrées, les députés sont revenus sur ce sujet à deux reprises durant la séance des questions orales. Deux parlementaires issus de l’opposition, parmi les nouveaux venus de l’hémicycle, se sont ainsi constitués en porte-voix de cette réclamation.

Première charge

Pour lâcher la première charge, c’est le député Cabral Libii qui monte au créneau. « Nous avons été jetés en pâtures et jusqu’aujourd’hui nous sommes trucidés par l’opinion, parce qu’[un] document nous faisait passer pour des gens qui ne rêvaient que de s’acheter des cylindrés, pendant que nos populations mouraient de coronavirus. Sauf que depuis ce temps-là, vous (Minfi : NDLR) n’avez ni confirmé ni infirmé », attaque le président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN).

Le ministre des Finances a signé depuis le 12 mai dernier, une décision portant déblocage de la somme de 4,19 milliards de FCFA représentant les primes accordées aux députés nouvellement élus pour l’achat de leurs véhicules de fonction et d’équipements divers. Mais depuis, les députés n’ont rien reçu inspirant cette question à Cabral Libii : « (…) alors monsieur le ministre, était-ce donc un fake news ? Dans ce cas, confirmez-le-nous ».

Salve d’applaudissements

À sa suite, le député Kopit Adamou de l’Union démocratique du Cameroun (UDC) revient à la charge. « Je ne voudrais pas penser, comme mon collègue Cabral Libii, qu’il y a eu un fake News. La dépense dont on fait allusion ici a été budgétisée. Et vous savez que vous n’avez pas compétence de modifier ni de la destination, ni l’orientation des dotations budgétaires », précise-t-il d’entrée de jeu.

Pour lui si « les députés ont droit à un investissement qui leur permet d’améliorer leur confort », il y a lieu de s’interroger sur le retard. « Comment pouvez-vous nous dire que jusqu’ici vous soyez assis sur l’argent des véhicules des députés ? Où est-ce qu’on en est avec ça monsieur le ministre ? Parce qu’il faut qu’on vous le dise pour que vous compreniez que parmi nous, il y a beaucoup de murmures et de tensions », insiste-t-il.

L’intervention incisive de l’élu de l’UDC provoque un tonnerre d’applaudissements au sein de l’hémicycle où la majorité est aux couleurs du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti au pouvoir.

Réplique

Pour répondre, le ministre pris en tenaille commence par une pique à l’endroit des députés. « J’ai bien noté que sur toutes les questions qui ont été posées, la seule qui a suscité des applaudissements c’est celles de vos voitures », avance-t-il. D’un ton presque moqueur, il rajoute une couche : « Quand l’opinion a commencé à se soulever, pour vous dire la vérité mes chers amis, je ne vous ai pas trop entendus expliquer que les voitures ne sont pas un cadeau que nous donnons aux députés », assène Louis Paul Motaze.

Néanmoins, poursuit Louis Paul Motaze, « l’État a pris cet engagement (…). Les instructions que j’ai données à mes collaborateurs, notamment le directeur du Trésor, c’est que les salaires soient payés à temps (…). Ces salaires étant payés, le directeur du Trésor me fera le point de la trésorerie et je prendrai les décisions qui s’imposent. Et si je peux vous donner l’argent pour les voitures, je le ferai sans la moindre hésitation (…) », a-t-il répondu.

Baudouin Enama

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Dernière modification le mardi, 30 juin 2020 06:08

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