En visite de travail à Maroua (région de l’Extrême-Nord), après les attaques dans les localités de Sagme et Zigue qui ont fait une quinzaine de morts militaires et civils, le ministre délégué à la présidence en charge de la Défense (Mindef) a promis que ces incursions meurtrières ne resteront pas impunies. « Ce qui s’est passé ces derniers jours croyez-moi ne restera pas sans conséquence, ne restera pas sans réaction appropriée de l’armée camerounaise », a déclaré le ministre Joseph Beti Assomo, le 29 juillet dernier à Maroua.
Il s’exprimait ainsi au terme d’une séance de travail avec les responsables de la Région militaire interarmées nº 4 (RMIA4) et les responsables de la sécurité de l’Extrême-Nord. Une réunion de plusieurs heures au bout de laquelle le Mindef n’a pas décliné la stratégie de riposte. « Je préfère vous donner rendez-vous sur le terrain dans un avenir très proche », s’est-il contenté de dire.
Tout juste sait-on du ministère de la Défense que « les responsables opérationnels de terrain depuis la RMIA4 ont convenu de nouveaux engagements stratégiques et opérationnels, qui seront déclinés en actions concrètes sur le terrain ». Cependant, d’après des sources militaires, le problème de l’indiscipline, des violations de consignes, mais surtout du manque de matériel approprié a été posé au Mindef.
Tout comme de nombreux analystes, le Mindef reconnait que c’est une nouvelle phase de la guerre contre Boko Haram qui s’est engagée depuis quelques mois. Une nouvelle donne qui serait partie de la mort de l’emblématique et brutal chef de la secte terroriste, en mai dernier. Aboubakar Shekau aurait été tué par une milice rivale, l'État islamique en Afrique de l'Ouest (connu sous l’acronyme anglais ISWAP) aurait fait main basse sur Boko Haram et redéfini la stratégie de lutte.
« Boko Haram prend, d’après les analyses que nous avons faites, un nouveau visage et nous avons examiné les aspects de ce visage et nous sommes en mesure de dire sans entrer dans les détails que la guerre contre Boko Haram prend une nouvelle tournure », a confessé le Mindef.
Il y a une semaine, l’attaque d’une base militaire de l’opération Émergence 4 à Sagme a fait officiellement huit morts et une trentaine de blessés parmi les militaires. Trois jours plus tard, une autre incursion de Boko Haram au poste avancé de Zigue faisait six morts dont un civil. Une situation qui a amené la présidence de la République a dépêché le Mindef sur le terrain afin de s’enquérir de la situation.
Le Cameroun est officiellement en guerre contre Boko Haram depuis 2014. Un conflit qui a fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de plusieurs dizaines de milliers de personnes.
Ludovic Amara
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