Pour l’année 2022, le Cameroun occupe la 8e place dans le classement des crises de déplacement les plus négligées dans le monde, selon le rapport du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC en anglais) publié ce jour. La place du Cameroun s’est cependant améliorée par rapport à 2021. Cette année-là, le Cameroun occupait la 3e place.
Le Conseil s’appuie sur trois critères pour mesurer le niveau de négligence des crises dans le monde. D’abord le manque de volonté politique internationale caractérisée par le nombre de résolutions à l’ONU, les missions de maintien de la paix, la volonté diplomatique, ou encore les discussions internationales sur ces crises.
Pour cet aspect, le NRC note que « la volonté politique de la communauté internationale de contribuer à des solutions politiques » demeure « faible ». Elle l’était déjà en 2021. Le Conseil norvégien pour les réfugiés conclut qu’« en l’absence d’initiative internationale pour trouver des solutions politiques à la triple crise du Cameroun, le niveau des besoins dans le pays ne devrait pas montrer de signes d’amélioration à court ou moyen terme. 2023 s’annonce comme une nouvelle année difficile pour le peuple camerounais ».
Le deuxième critère est le manque d’attention des médias, qui se traduit par les couvertures médiatiques en ligne des déplacements de personnes. « Pour comparer l’attention des médias à l’égard des différentes crises, nous avons calculé la couverture médiatique par rapport au nombre de personnes déplacées par chaque crise, en utilisant les derniers chiffres du HCR et de l’IDMC (Centre de surveillance des déplacements internes) du NRC », peut-on lire dans ce rapport. L’attention des médias était d’environ 0,5 % en 2021, mais reste « très faible » encore en 2022.
Le dernier critère est le manque de financement humanitaire. Pour l’exercice 2022, « les fonds sont restés limités, les donateurs internationaux n’ayant couvert que 55 % de la réponse humanitaire », observe le conseil norvégien. Ceci dans un contexte où au début de l’année 2022, « 3,9 millions de personnes au Cameroun avaient besoin d’aide, un chiffre qui est passé à 4,7 millions à la fin de l’année alors que le pays restait loin de l’attention de la communauté internationale », précise le rapport. Rappelons qu’en 2021, les fonds mobilisés à l’international couvraient 53 % des besoins.
Le Cameroun fait en effet face à trois crises majeures qui préoccupe du point de vue humanitaire : le conflit séparatiste dans les régions Nord-Ouest et du Sud-Ouest, la guerre contre Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord, et l’afflux de réfugiés centrafricains dans les régions de l’Est, de l’Adamaoua et du Nord.
L’ONU estime que pour venir en aide à toutes les personnes en situation de crise humanitaire, le Cameroun a besoin de 244 milliards FCFA cette année.
L.A.
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