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Sud-ouest : retour au calme après la protestation de séparatistes repentis à Buea

Sud-ouest : retour au calme après la protestation de séparatistes repentis à Buea

Paru le mardi, 02 février 2021 14:17

Les combattants repentis du mouvement séparatiste dénommé « Ambazonia » ont regagné le Centre de désarmement, de démobilisation et de réintégration (CNDDR) de Buea après leur mouvement de protestation organisé hier 1er février 2021.

Dans la journée, ces anciens miliciens, sortis du camp de Bokwango ont bloqué la circulation sur la route qui relie Bokwango à Long Street à Buea. Ce mouvement d’humeur avait pour but de dénoncer le « traitement » dont ils font l’objet depuis leur arrivée au sein du CNDDR de Buea, chef-lieu de la région du Sud-Ouest.

« Nous sommes fatigués des promesses non tenues du gouvernement de nous donner des emplois pour nous permettre de vivre mieux. C'est la principale promesse qu'ils nous ont faite lorsque nous nous battions dans la forêt pour la cause séparatiste. Plusieurs mois après que nous ayons déposé les armes et que nous soyons venus dans ce centre, cette promesse ne s’est jamais concrétisée », s’exprimait un des manifestants dans une des vidéos de cette scène en circulation sur les réseaux sociaux.

Les pensionnaires s’inquiètent de leur sort après avoir passé le nombre de mois initialement imparti au processus de leur insertion dans le centre. « On nous a promis une insertion de six à sept mois avec possibilité de trouver du travail. Mais depuis deux ans, nous sommes toujours là sans perspective », se plaint un pensionnaire.

Informés de la situation, le sous-préfet de l’arrondissement de Buea, Abba Abdouraman, et le secrétaire général des services du gouverneur de la région du Sud-Ouest, le Dr Mohamadou, ainsi que des responsables de la sécurité se sont rendus sur le site de la manifestation pour ramener les manifestants à la raison.

Le   Comité national de désarmement, de démobilisation et de réintégration des ex-combattants de Boko Haram et des groupes armés des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (CNDDR) n’a pas encore officiellement réagi aux évènements d’hier.

Mais ce n’est pas la première fois que les conditions de vie (hebergment, nutrition, liberté) des pensionnaires de Buea sont dénoncées. « Les centres fonctionnent bien. Nous avons envoyé suffisamment de moyens financiers pour assurer leur bon fonctionnement. Les anciens combattants mangent trois fois par jour, [ils] sont vêtus et reçoivent des soins médicaux appropriés », rassurait Francis Faï Yengo, le Coordonateur du CNDDR, en aout 2020.

 Bientôt un nouveau cadre d’accueil

Des trois centres mis sur pied pour la réinsertion des ex-combattants de Boko Haram et des séparatistes, celui de Buea est le moins bien équipé. Mais cette situation devrait changer d’ici quelques mois. En effet, l’Etat s’est engagé à construire un nouveau centre à Buea afin d’offrir un meilleur cadre d’accueil et faciliter la formation et la réinsertion des « amba-boys » ayant volontairement accepté de déposer les armes.

Selon le top management du CNDDR, les financements nécessaires pour cette infrastructure sont mobilisés depuis plusieurs mois. La procédure de passation du marché étant bouclée, la pose de la première pierre du futur Centre de Buea est éminente.

A l’image de celui de Bamenda (d’une capacité de 1000 places) dont les travaux sont achevés, le centre multidisciplinaire de Buea offrira une palette de formations aux ex-combattants. A côté des technologies de l’information et de la communication, la mécanique automobile, la maçonnerie, la menuiserie, la couture, les métiers agropastoraux… Et le bonus, l’éducation morale et citoyenne, mais surtout l’enseignement de base.

Le mouvement d’humeur de Buea interviennent au moment où l’équipe de Faï Yengo fait face à un important challenge relatif à la remobilisation des jeunes combattants qui se trouvent encore dans les rangs des rebelles reclus dans les brousses du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. A ce jour, au moins sept milices armées ayant entre 2 000 et 4 000 combattants opèrent dans les régions anglophones du pays, estime l’ONG International Crisis Group.

Après quatre années de combats, certains d’entre eux, lassés par cette lutte sans lendemain, souhaitent déposer les armes mais n’ont toujours pas le bon interlocuteur qui pourrait les rassurer. Autant dire que les événements de ce 1er février ne sont pas de nature à encourager leur démobilisation.

Baudouin Enama

Dernière modification le mardi, 02 février 2021 15:26

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