Le communiqué rendu public par Cavaye Yeguié Djibril (photo), ce 1er juin, pour annoncer le report sine die de la réunion de lancement des opérations de retour « définitif » à la paix entre les communautés Mousgoum et Arabe Choa dans le département du Logone-et-Chari, région de l’Extrême-Nord, ne dévoile pas les raisons de ce report. Toutefois, un journaliste proche de ce dossier croit savoir que le président de l’Assemblée nationale a « tâté le terrain » et à la suite de la méfiance des deux communautés concernées, il a choisi de surseoir son offre de paix.
À en croire notre interlocuteur, cette méfiance tient principalement au fait que l’offre de paix de Cavaye Yeguié Djibril est perçue dans le Logone-et-Chari comme une manœuvre politicienne. Pour cause, c’est sous sa casquette de chef de la délégation permanente régionale du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) de l’Extrême-Nord que le président de la Chambre basse du Parlement a choisi de convoquer la réunion de Maroua.
« Tous les Mousgoums et les Arabes Choas ne sont pas des militants du RDPC. En plus, ces communautés estiment que c’est aux autorités administratives de mener de telles actions », explique notre source.
Selon toutes vraisemblances, cette explication est loin d’être isolée. Car plusieurs sources concordantes dans la région de l’Extrême-Nord parlent d’une initiative mort-née à cause de cette collusion avec le RDPC, le parti au pouvoir. Mais ce n’est pas tout, car toutes ces sources sont intriguées par cette réunion qui est programmée au moment même où la situation entre les communautés Mousgoum et Arabe Choa est apaisée.
Apaisement
« Je reviens d’une mission d’une semaine à Kousseri [principale ville du département du Logone-et-Chari] et je peux vous assurer qu’il n’y a rien à craindre. La suspicion qu’on observait souvent entre les Mousgoums et les Arabes Choas a complètement disparu », fait savoir un journaliste local, qui connaît très bien la région de l’Extrême-Nord.
Cet apaisement n’est pas une chimère. Au contraire, c’est une volonté affichée par les leaders des deux communautés au lendemain des affrontements sanglants et mortels survenus à Kousseri en décembre 2021. Ce chantier pour la paix est désormais une réalité. Ce n’est pas pour rien que le député du RDPC, Kamsouloum Abba Kabir, le leader de la communauté Arabe Choa, était en bonne place lors de la célébration de la sixième élection de Hamad Kalkaba Malboum, leader de la communauté Mousgoum, à la tête de la Confédération africaine d’athlétisme (CAA).
Dans le même ordre, la communauté Arabe Choa prépare en ce moment l’organisation d’un festival communautaire pour célébrer le vivre ensemble. On apprend que les dignitaires Mousgoums seront invités à occuper les chaises au premier rang de cet évènement culturel censé exorciser les querelles de décembre 2021.
Michel Ange Nga
Lire :
Extrême-Nord : plus de 15 000 déplacés internes suite aux affrontements intercommunautaires (ONU)
