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Aux sources de la brouille entre le général Esaïe Ngambou et le ministre Paul Atanga Nji

Aux sources de la brouille entre le général Esaïe Ngambou et le ministre Paul Atanga Nji

Paru le lundi, 03 juillet 2023 18:19

Une capsule vidéo, devenue depuis peu virale, montre le général de division Esaïe Ngambou s’en prenant au ministre de l’Administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji. « J’ai suivi avec beaucoup d’intérêt la correspondance du ministre de l’Administration territoriale. Vous voudrez bien lui dire que dans un problème où un général de division a mis son nom… il ne saurait me traiter d’individu sans foi ni loi », peste l’officier supérieur, s’adressant à un pasteur dans ce qui semble être une église. Dans son courroux, le général précise que le ministre Atanga Nji n’a pas le droit de le traiter ainsi. « Il n’a pas le droit de traiter un général nommé avant lui et peut-être qui partira avant lui. Je suis général toute ma vie (…) Nous ne voulons pas la guerre dans ce pays ! », fulmine-t-il.

Selon des sources proches du dossier, le communiqué de Atanga Nji du 8 juin dernier est à l’origine du courroux du général trois étoiles. « Le ministre de l’Administration territoriale informe l’opinion publique qu’un groupe d’individus sans foi ni loi sillonnent depuis quelque temps nos villes et campagnes, se prévalant d’un mandat de réforme de l’Église évangélique du Cameroun (EEC) sous la dénomination Église évangélique du Cameroun décentralisée, en abrégé EEC-D », peut-on lire dans le document.

On comprend donc que les coups de menton du général de division Esaïe Ngambou sont les récentes escarmouches de la guerre dans laquelle l’EEC est empêtrée depuis 2017. La crise de leadership qui secoue cette église depuis lors a abouti en mai dernier à une scission de fait. En effet, le 21 mai dernier à Foumban, le l’EEC-D lance ses activités.

« Il y a une nouvelle église s’il faut appeler ça ainsi. Si les bars se multiplient, pourquoi pas les églises. L’EEC-D est une réalité. Elle n’est pas une chimère. Elle arrive à point nommé. Répondant elle aussi à la grande commission prescrite par le grand maître, notre Seigneur Jésus-Christ. (…) L’EEC-D arrive au moment où l’EEC, l’église mère tend à sortir d’une crise ignominieuse que nous croyons divinement voulue pour qu’elle fasse sa mue », avait alors justifié Révérend Yves Mathieu Mfoncha Mefire, pasteur démissionnaire de l’ECC, d’après des propos rapportés par le journal Le Jour.

« On ne m’a jamais traité de cette manière »

Sauf que la nouvelle église a lancé ses activités alors même que la demande d’autorisation de fonctionnement de l’EEC-D déposée le 28 mars au ministère de l’Administration territoriale n’avait pas encore abouti. Dans son communiqué du 8 juin dernier, le ministre Atanga Nji, en s’appuyant sur les articles 23 et 24 de la loi du n° 90/53 du 19 décembre 1990 relative à la liberté d’association, prévient alors que « toute association religieuse doit être autorisée » et que cette autorisation « est prononcée par décret du président de la République ». « Il s’agit en matière de liberté de culte, d’une disposition claire et impérative qui ne saurait envoyer à une simple déclaration », ajoute-t-il. Et de préciser : « qu’aucune association religieuse n’a été autorisée sous la dénomination “Église évangélique du Cameroun Décentralisée” ».

Dans une correspondance, signée le même jour, le Minat demande au coordonnateur général de l’EEC-D, le pasteur Euloge Yiagnigni Mfopou, d’introduire le dossier d’autorisation de l’association religieuse à la préfecture du siège de l’association. « Je vous demande par ailleurs de veiller à ce qu’aucun élément constitutif de votre association, notamment la dénomination, le siège et le logo, ne suscite la moindre confusion avec l’Église évangélique du Cameroun, autorisée par décret n° 74/853 du 14 octobre 1974 », ajoute Paul Atanga Nji.

En tout état de cause, le général de division Ngambou tient au respect de sa personne. À l’endroit du ministre Atanga Nji, l’officier général menace : « On ne m’a jamais traité de cette manière. J’aurais l’occasion de le rencontrer. J’espère qu’il sera encore là. Il ne faut pas exagérer ! »

Ludovic Amara

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