Le ministère de la Santé publique (Minsanté) conduit depuis le 26 juillet une enquête nationale de séroprévalence de la Covid-19 pour estimer le nombre de personnes ayant été en contact avec le coronavirus et déterminer les facteurs de risques liés à sa mortalité. L’étude est menée en collaboration avec Épicentre, la branche recherche et épidémiologie de Médecins sans frontières (MSF) et le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies de l’Union africaine (Africa CDC).
Elle « a pour but d’évaluer où notre pays en est vis-à-vis de l’immunité face à la Covid. On souhaite déterminer dans chaque région, dans différentes catégories socio-économiques qu’elle a été la véritable circulation du virus dans nos communautés », a déclaré l’enquêteur principal, Pr Yap Boum II, épidémiologiste et représentant régional d’Épicentre dans une interview au quotidien spécialisé Échos santé. Cette enquête devrait permettre de déterminer le taux d’immunité de chaque région qui définira où le Cameroun en est face à une immunité collective de 60% qui indique une protection de la population face à la circulation du virus.
« On s’attend néanmoins à ce que les régions telles que le Centre, le Littoral et les autres régions qui ont reporté le plus grand nombre de cas de Covid soient également celles avec les plus hautes séroprévalences. On verra également si nous avons des catégories socio-professionnelles plus touchées que d’autres, comme les personnels de santé qui sont en première ligne dans la prise en charge des patients », explique l’épidémiologiste.
Vaccination ciblée
Jusqu’au 26 août prochain, des équipes clairement identifiables et munies de tablettes numériques passeront de « façon aléatoire » de ménage en ménage dans les capitales régionales poser des questions aux populations sur leur vécu autour de la maladie et son impact sur leur foyer. Il y aura également des questions liées à la vaccination. Des tests rapides déterminant la présence d’anticorps contre la Covid-19 seront également réalisés sur place, apprend-on. « Ainsi, les participants pourront avoir leur résultat et connaître leur exposition récente face à la Covid. Un échantillon sera également conservé pour une évaluation plus poussée de l’immunité de nos populations face au virus Sars-Cov-2 responsable de la Covid », selon le Pr Yap Boum II.
Les résultats de cette enquête permettront d’ajuster les stratégies de vaccination et de sensibilisation qui seront davantage ciblées aux différentes populations. « On pourra ainsi intensifier la communication et la vaccination en fonction des zones et des populations vers celles qui ont été le moins exposées jusque-là, afin d’anticiper les futures vagues de Covid comme celles que nous voyons dans les pays voisins, avec l’émergence du variant Delta », indique l’enquêteur principal.
L’année dernière, le Minsanté a mené, d’octobre à décembre, une enquête sur la séroprévalence de la Covid-19 « afin de mieux comprendre la propagation et l’évolution du virus pour mieux axer des stratégies de riposte ». Les résultats de cette enquête n’ont pas été rendus publics.
P.N.N
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