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Exploitation minière : les accidents mortels poussent le Cameroun à interdire l’accès des enfants aux mines

Exploitation minière : les accidents mortels poussent le Cameroun à interdire l’accès des enfants aux mines

Paru le vendredi, 03 septembre 2021 14:05

Le ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt), Gabriel Dodo Ndoke, interdit « l’accès des enfants mineurs aux sites d’exploration et d’exploitation minières sur toute l’étendue du territoire national ». Cette décision prise le 30 août 2021, avec effet immédiat, proscrit aussi « toute forme de travail à l’intérieur desdits sites impliquant les enfants en deçà de l’âge obligatoire de scolarité tel que prévu par la réglementation ».

Cette mesure fait suite « au constat d’innombrables accidents enregistrés dans les sites miniers ayant causé de multiples pertes en vies humaines », justifie le Minmidt. En mai dernier, l’effondrement de deux mines à Kambele, dans l’arrondissement de Batouri, a fait plusieurs dizaines de morts, dont des enfants.

Entre 2013 et avril 2021, l’organisation non gouvernementale (ONG) Forêt et Développement rural (Foder) a recensé au total 157 décès sur les sites miniers du Cameroun. Parmi ces morts, 25 % sont dus aux noyades et éboulements de terrain causés par des trous à ciel ouvert laissés par des exploitants. Sur les 100 morts dont les âges sont connus, 38 ont entre 0 et 20 ans. 

Généralement, ces jeunes accompagnent leurs parents dans les anciens trous miniers des exploitants partis sans les refermer. « La pratique ici consiste à profiter du fait que des opérateurs miniers ne referment pas les trous après exploitation pour venir “’ racler”’ les bords », explique un riverain.

Au regard de la gravité de cette situation et de la violation flagrante des textes, dans une lettre-circulaire datée du 1er septembre le Minmidt prescrit aux autorités administratives et à ses collaborateurs des services déconcentrés « d’interdire formellement le recrutement des enfants mineurs dans les sites d’exploitation sous peine de poursuites judiciaires ou d’obliger les exploitants miniers à refermer les sites creusés et abandonnés ».

Exploitation clandestine

Ces responsables doivent œuvrer en synergie notamment avec les ministères du Travail et de la Sécurité sociale ou des Affaires sociales « en vue de l’éradication complète du travail des enfants mineurs dans les sites d’exploitation minière qui constitue la principale cause de la déperdition scolaire dans les zones d’exploitation ».

Afin de persuader les opérateurs miniers de respecter ses prescriptions, le Minmidt agite les sanctions administratives prévues par le Code minier ou les peines prévues par la réglementation contre tout opérateur titulaire d’un titre minier contrevenant aux dispositions de sa décision. Les brigades nationale et régionale des activités minières du Minmidt devront effectuer des descentes ciblées aux fins de constater les violations de ces prescriptions.

Sauf qu’à l’épreuve de la réalité, la mise en œuvre de cette décision va se heurter notamment à la clandestinité dans laquelle évoluent les exploitants miniers. En 2016, alors que le gouvernement compte officiellement 5 permis d’exploitation en cours de validité, sur le terrain on retrouve des opérateurs tels Dynastie Mining, Lu, Mme Lu, Wang, Phoenix Mining, « Chinois », Southland Mining, HMC Mining, Hong-Kong Mining, C&K Mining, SCEM, etc. Ces derniers, note une autre étude de Foder, opèrent avec la complicité des autorités administratives et politiques.

C’est pour restaurer l’ordre dans ce secteur que le président de la République a signé un décret créant la Société nationale des mines (Sonamines) 14 décembre 2020. La Sonamines doit notamment « assurer la mise en œuvre des mesures relatives à la restauration, à la réhabilitation et à la fermeture des sites d'exploitation miniers, en liaison avec les autres administrations compétentes ».

Dominique Mbassi

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Dernière modification le vendredi, 03 septembre 2021 16:48

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