Le Comité national de désarmement, de démobilisation et de réintégration (Cnddr) aura bientôt 5 ans. Et l’un des objectifs du Cnddr, selon son coordonnateur national, Faï Yengo Francis (photo), est de participer au « retour total » de la paix au Cameroun. Pour ce faire, le Cnddr veut implémenter l’approche de la réduction de la violence communautaire (CVR, sigle en anglais). Un atelier de quatre jours (26 au 29 septembre) a été organisé à Yaoundé, avec l’appui de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), afin d’élargir la compréhension des participants sur cette approche et leur capacité à relever les défis liés au DDR à travers des projets CVR.
L’atelier regroupait les chefs de centres DDR, les représentants des départements ministériels sectoriels, des acteurs de la société civile et des partenaires au développement. Pour Faï Yengo Francis, cette rencontre a permis de s’approprier les stratégies, les méthodes et les expériences d’ailleurs pour les dupliquer au Cameroun pour encourager le retour à la paix dans les régions touchées par les crises. Le Cameroun est affecté par de multiples crises liées aux menaces que représentent les incursions de Boko Haram dans la région de l'Extrême-Nord, aux retombées du conflit en République centrafricaine voisine, notamment les déplacements de population, et aux violences dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.
La population, quant à elle, est prise au piège en étant l’objet de divers actes criminels, dont le kidnapping, les homicides et le viol. Dans les pays qui souffrent de conflits comme le Cameroun, la réadaptation à la vie dans une société pacifique est un défi, tant pour les anciens combattants que pour la communauté au sens large. Selon l’ONU, le programme CVR est un « outil très flexible » qui permet d’intervenir rapidement en cas de conflit locaux pour offrir une alternative à la violence, améliorer la sécurité et créer un espace de dialogue entre les communautés en conflit.
Il complète le processus national de DDR en ciblant les éléments affiliés à des groupes armés non éligibles à ce programme ou aux groupes d’auto-défense, les jeunes risquant d’être recrutés par les groupes armés, ainsi que d’autres membres de la communauté, avec une attention particulière à la participation des femmes. Les bénéficiaires issus des groupes armés sont intégrés dans des stages de formations professionnelles, sociales et des activités de projets communautaires, au même titre que les autres bénéficiaires civils.
Créé par décret présidentiel le 30 novembre 2018, le Cnddr a pour mission de déradicaliser les ex-combattants de Boko Haram et des groupes armés séparatistes et de les accompagner pour un retour à la vie civile. Sa création participe de la « disponibilité constante » du chef de l’Etat à rechercher les voies et moyens d’une « résolution pacifique » des crises qui affectent le Cameroun, selon la présidence de la République. L’OIM travaille avec le Cnddr pour renforcer les capacités des acteurs en vue d’améliorer l’efficacité de la mise en œuvre du DDR dans le pays.
Patricia Ngo Ngouem
Lire aussi:
Centre DDR : plus de 3 500 ex-combattants déjà reçus dans les centres de Bamenda, Buea et Mora
Alors que les grognes se multiplient à Buea, la construction d’un autre centre de DDR engagée à Tiko