Léonora Miano (photo) enchaîne les plateaux et les interviews depuis la sortie de son nouvel essai « L’opposé de la blancheur », paru aux éditions du Seuil en octobre 2023. Dans ce livre, la romancière et essayiste Franco-camerounaise décrypte ce qu’elle appelle « le problème de l’homme blanc ». Une terminologie qui intrigue l’opinion ces dernières semaines. En parlant de cette réflexion, Léonora Miano explique à Mathieu Magnaudeix sur une émission web de Mediapart qu’il s’agit d’une « pure espièglerie de ma part de l’avoir présentée comme ça en France. Je connais bien mes compatriotes et je savais que ça les titillerait ».

Les premiers critiques, eux, parlent d’« une démonstration implacable des ravages causés par la domination d'un Occident raciste sur des peuples qu'il désigna comme noirs, à l'opposé de lui-même ». Une façon de lire cet essai que l’auteure partage sans doute si on s’en tient à ce qu’elle a confié sur Mediapart : « le problème blanc c’est la manière dont la racialisation favorable dont les blancs font l’objet à travers l’histoire a pu les affecter ».

Blanchité

En clair, pour Léonora Miano, la racialisation est une violence dans la mesure où elle fracture le genre humain. « On ne peut en sortir indemne, ni pour le noir ni pour le blanc », souligne l’auteure de « L’opposé de la blancheur ». Une raison pour elle de commettre cet essai et surtout de défendre cette réflexion dans le but avoué de migrer vers une société dans laquelle toute signification symbolique et politique liée à la couleur de la peau est exclue.

Cet idéal ne peut pas se construire sans faux semblant comme la Franco-camerounaise l’a expliqué au quotidien français Le Monde : « il faudrait parvenir un jour à congédier cette question de la race, pas en l’évacuant, pas en l’oubliant mais en l’affrontant ». Elle ajoute chez Mediapart qu’il « faut regarder comment cette blanchité s’est fabriquée depuis le moyen âge et les conquêtes coloniales ».

À 50 ans, Léonora Miano compte parmi les plus grandes plumes contemporaines de l’espace francophone. Elle est davantage connue pour ses distinctions d’envergures : en 2006 elle remporte le Goncourt des lycéens avec son roman « Contours du jour qui vient », en 2013 elle décroche le Femina avec « La saison de l’ombre ». Elle a en plus gagné le Grand prix littéraire d’Afrique noire ou encore le Medicis. Léonora Miano qui vit actuellement au Togo s’est aussi essayée à tous les genres.

Michel Ange Nga