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Maurice Kamto s’enlise dans la logique insurrectionnelle

Maurice Kamto s’enlise dans la logique insurrectionnelle

Paru le samedi, 04 avril 2020 19:24

Sous le prétexte d’une mauvaise gestion de la pandémie de Coronavirus par le pouvoir en place, Maurice Kamto, le leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), a effectué une nouvelle déclaration ce 3 avril. Cette sortie publique était attendue, l’homme politique ayant engagé le président de la République « sous sept jours à s’adresser aux Camerounais, lui-même, pour leur dire quelle est sa riposte contre le Covid-19 et surtout pour annoncer les moyens de financement nécessaires, aussi bien aux ménages qu’aux entreprises, pour assurer l’efficacité du confinement ».

Faute de n’avoir pas répondu à « cette injonction sans fondement juridique », Maurice Kamto estime que le président Paul Biya « a ce faisant établi sa défaillance comme chef de l’État du Cameroun ». Ce qui lui donnerait, par un mécanisme non explicité, la légitimité d’appeler les Camerounais « à s’auto organiser ».

Dans sa lancée, le président du MRC va jusqu’à édicter des mesures qui relèvent des prérogatives de l’exécutif : « Les sociétés de distribution d’eau et d’électricité ne devront pas recouvrer le paiement des quittances d’électricité, d’eau pendant trois mois : avril, mai et juin ; le paiement des patentes par les transporteurs est suspendu pour la même durée ; le paiement des droits de marché par les vendeurs en détail et les bayam-salams est suspendu », égraine-t-il.

« Stratagème insurrectionnel »

Pour de nombreux Camerounais, cette nouvelle sortie est considérée comme une provocation du MRC vis-à-vis des autorités légitimes et légales du pays. En effet, lors de l’élection présidentielle de 2018, Paul Biya a été réélu avec plus de 71% des suffrages exprimés. Sa victoire a été proclamée par le Conseil constitutionnel et reconnue par la communauté internationale. Au MRC, on continue de parler de « hold-up électoral » et Maurice Kamto se présente depuis comme le « président élu » et qualifie l’actuel chef de l’État de « président de fait ».

Cette posture de l’ancien ministre délégué à la Justice est qualifiée de « stratagème insurrectionnel », par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), au pouvoir. De son côté, l’avocat ne fait rien pour démentir ces accusations. Au contraire : « Si, dans les 7 jours suivant la publication de la présente déclaration le président de facto du Cameroun n’avait pas donné une preuve physique de ce que c’est bien lui qui est aux commandes de l’État… je me réserve le droit d’appeler à de mesures plus radicales », dit-il à la fin de sa déclaration du 3 avril.

Cette manœuvre du leader du MRC vient s'ajouter à une note controversée du Centre d’Analyse, de Prévisions et de Stratégies. Ce groupe de réflexion apparenté au ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères prédit que le Coronavirus viendra sonner le glas de certains régimes africains, avec une allusion non dissimulée au Cameroun.

Lors de sa tournée en Europe et en Amérique, le président du MRC, dont le parti n’a pas pris part aux élections législatives et municipales du 9 février dernier, promettait à ses supporters que le changement à la tête du pays était imminent. En l’état actuel de la Constitution du Cameroun, mis à part une présidentielle anticipée, une telle promesse ne peut se manifester que dans l’hypothèse d’un recours à l’insurrection populaire.

Idriss Linge

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Dernière modification le lundi, 06 avril 2020 09:11

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